Incendie de Notre-Dame: les zones d'ombre de l'enquête

L'incendie de Notre-Dame de Paris s'est déclenché lundi 15 avril 2019 vers 18h50. - BFMTV
Après un marathon de neuf heures pour venir à bout des flammes qui dévoraient Notre-Dame, l'heure est aux investigations. Les 50 policiers mobilisés sur l'enquête ouverte lundi soir pour "destruction involontaire par incendie" cherchent à déterminer l'origine du sinistre. À ce stade, tous les scénarios restent envisageables: court-circuit, mégots de cigarettes, "point chaud" provoqué par une soudure au chalumeau... Pour le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, la piste accidentelle reste "privilégiée".
"Rien ne va dans le sens d'un acte volontaire", a-t-il assuré mardi.
L'entreprise chargée de l'échafaudage se dédouane
L'entreprise Le Bras Frères, qui montait l'échafaudage autour de la flèche de Notre-Dame de Paris, a toutefois tenu ce mercredi à "exclure toute responsabilité" dans l'incendie qui a ravagé l'édifice. Selon le porte-parole de la société, "les procédures ont été respectées".
"Quand on quitte un chantier on doit couper toute l'électricité, le disjoncteur du chantier, fermer la porte à clef et remettre les clefs à la sacristie de la cathédrale, ce qui a été fait et dûment noté dans les cahiers", a-t-il assuré à l'AFP.
Il affirme par ailleurs que le dernier ouvrier a quitté les lieux à 17h50 (soit une heure avant le déclenchement de l'incendie, NDLR) et le premier à 17h20.
Une trentaine de personnes auditionnées
Une trentaine de personnes ont déjà été entendues par les officiers de la brigade criminelle, notamment les douze ouvriers qui intervenaient sur les échafaudages, le patron de la société en charge des travaux et les agents de sécurité.
Ces derniers se trouvaient dans le PC sécurité lorsqu'ils ont reçu une première alerte informatique, à 18h20, émanant d'un détecteur de fumée, a appris BFMTV. Un agent s’est alors rendu sur le lieu désigné comme problématique, sous les combles, mais n'a rien constaté de suspect. Vingt minutes plus tard, une nouvelle alerte est envoyée et indique cette fois-ci un problème sur la charpente de la cathédrale. Un agent s'y rend et découvre l'énorme flamme qui s'est ensuite répandue sur toute la charpente.
Y a-t-il eu un problème informatique?
Face à cette situation, une question reste en suspens: pourquoi différents lieux ont-ils été désignés aux agents? Est-ce lié à un problème informatique? C'est ce que les enquêteurs tentent de déterminer. Mais les investigations avancent lentement.
Selon nos informations, les enquêteurs de l'identité judiciaire et du laboratoire central de la préfecture ont pu accéder, ce mercredi, à certains endroits du site et commencer leurs constatations. Le parquet de Paris n'exclut aucune hypothèse mais rappelle qu'à ce stade, les investigations n'ont pas mis en évidence d'éléments désignant une origine criminelle. En l'état, la piste accidentelle demeure donc privilégiée. Par ailleurs, les auditions se poursuivront jeudi, avec l'audition de nouveaux témoins et de personnes déjà entendues.
À défaut de pouvoir effectuer ces analyses, quarante enquêteurs de la brigade criminelle et une dizaine d'officiers de l’identité judiciaire se concentrent sur les auditions. Les enquêteurs souhaitent creuser et croiser les témoignages afin de refaire la chronologie de l’embrasement de Notre-Dame. Parmi les personnes auditionnées, plusieurs affirment que l'incendie serait parti de l'angle de la flèche, du côté de la Seine. C'est une piste sur laquelle travaillent les enquêteurs, mais sans affirmer pour l'heure qu'il s'agit de l'origine du sinistre.
Des photos prises par des drones qui survolent la cathédrale les aident également à y voir plus clair, en attendant de pourvoir se rendre sur place.