Lors de sa demande de remise en liberté, Patrick Balkany réclame "un peu d'humanité"

Patrick Balkany et son avocat Eric Dupond-Moretti - AFP
C'est un homme méconnaissable qui est apparu ce mardi, pour tous les observateurs qui ont l'habitude de le fréquenter. Patrick Balkany s'est présenté pour la première fois publiquement lors de l'audience consacrée à l'examen de sa demande de remise en liberté, lui qui est incarcéré depuis le 13 septembre dernier et sa condamnation à 4 ans de prison ferme pour fraude fiscale. Une audience devant la cour des appels criminels à laquelle il avait tenu à assister, pour exposer lui-même ses arguments.
Après un bref rappel de l'affaire et de la procédure par le président de cette cour, Patrick Balkany a été le premier à s'exprimer. Les traits tirés, les yeux fatigués, visiblement amaigri, l'élu avait troqué ses habituels costumes bleus arborés lors du procès en mai dernier pour une chemise blanche et un pull. Se tenant au box pendant toute la durée de l'audience, il a d'abord voulu rappeler que les montants de la fraude qui lui sont reprochés ne sont pas les bons.
"La cour s'interroge sur cet état mais aussi sur l’étendue de vos garanties de représentation, lui rétorque le président de la cour. Appel il y aura et vous devrez être présent."
"Je suis épuisé"
Alors Patrick Balkany, rapidement aidé par son avocat Me Eric Dupond-Moretti, a développé ses arguments pour tenter de convaincre que sa place n'est pas en prison. "Il a 71 ans, je peux le dire maintenant", ironise le conseil en référence à cet échange au premier jour du procès en mai dernier. Patrick Balkany a 71 ans et de nombreux problèmes de santé. Devant la cour, il évoque cette tumeur au dos pour laquelle il a été soigné "pendant tout le procès et l'été". Il parle aussi de ses problèmes de coeur, de ses troubles de la tension.
"Je souffre le martyr", lance-t-il à deux reprises. Avant de raconter cette scène de sa détention à la prison de la Santé: "Je suis épuisé. Je suis sorti pour la première fois en promenade une heure avec mes compagnons d’étage. Au bout de trois minutes, j’ai failli tomber dans les pommes. Heureusement il y a un banc, ils se sont occupés de moi."
Patrick Balkany, tête basse pendant quasiment toute l'audience, a alors réclamé "un peu d'humanité". Il dit simplement aspirer à retrouver sa femme Isabelle et ses proches. Questionné sur son avenir politique, l'élu dit ne pas être sûr de se représenter lors des prochaines élections municipales à Levallois-Perret. "Il faut penser à ma succession", dit-il encore.
Garanties de représentation trop faibles
Me Eric Dupond-Moretti lui a rappelé "l'humiliation" de l'incarcération. Une mesure pas nécessaire selon lui car les risques de fuite mis en avant dans le jugement du tribunal correctionnel ne sont que des "fantasmes". Fuir à l'étranger, "pour aller où? Pour se cacher où? Il laisserait sa femme, ses enfants, ses petits-enfants, ses chiens, oui ses chiens, sa vie quoi!", s'agace l'avocat, qui rappelle que le passeport de Patrick Balkany lui a été retiré lors de la procédure.
Une version que ne partage pas le représentant du parquet général, qui "s'oppose fermement" à la remise en liberté de Patrick Balkany. L'avocat général estime qu'il est "important à ce stade de garantir sa représentation lors du procès en appel" déjà audiencé du 11 au 18 décembre prochain. L'élu sera fixé sur cette demande le 28 octobre prochain. Si sa demande est acceptée par la cour, Patrick Balkany aura peu de chance d'être remis en liberté dans la foulée. Sa deuxième demande de remise en liberté concernant le jugement du 18 octobre n'a pas encore été examinée.