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Police-Justice

Lorient: une enquête ouverte par l'armée sur un groupe "anticasseurs"

Des policiers se tiennent à côte d'une voiture qui brûle lors de violences à Nanterre, à l'ouest de Paris, le 28 juin 2023

Des policiers se tiennent à côte d'une voiture qui brûle lors de violences à Nanterre, à l'ouest de Paris, le 28 juin 2023 - Geoffroy Van der Hasselt © 2019 AFP

Des vidéos ont montré la présence d'hommes masqués aux côtés des policiers dans la nuit de vendredi à samedi à Lorient dans le Morbihan. Il pourrait s'agir de militaires qui auraient procédé à des interpellations sauvages.

Une enquête interne a été ouverte au ministère des Armées après la possible participation de militaires aux actions d'un groupe anticasseurs qui se serait mobilisé dans la nuit de vendredi à samedi à Lorient, dans le Morbihan.

Cette nuit-là, une cinquantaine de policiers et gendarmes étaient mobilisés pour faire face aux violences urbaines, déclenchées par la mort de Nahel il y a une semaine. Selon plusieurs articles de presse, une trentaine d'individus cagoulés sont intervenus en pleine rue pour en découvre avec les auteurs de ces exactions. Certains auraient procédé à des interpellations.

Pour rappel, les interventions de l'armée sont strictement encadrées, et si les militaires peuvent être appelés à intervenir pour des feux de forêt ou en cas de catastrophe naturelle, ils ne peuvent pas faire de maintien de l'ordre, sauf cas exceptionnel.

Les autorités contestent la rumeur

Dès le lendemain, le maire de la ville, qui accueille environ 3500 professionnels de l'armée, niait, sur sa page Facebook, toute présence de "milice" sur sa commune. La cheffe de la police locale est moins catégorique: "la police nationale a patrouillé toute la nuit et a constaté qu’il y avait différents groupes sans qu’il ne soit possible de les distinguer, une majorité d’individus des deux groupes étant cagoulés", explique-t-elle dans Ouest-France. Elle précise que les quatre interpellations cette nuit-là ont été réalisées par des policiers.

Toutefois, le quotidien régional publie le témoignage d'un homme affirmant avoir participé à ce groupe "anticasseurs" avec trois amis. Il assure que le groupe ne s'est pas organisé en amont mais que plusieurs individus se sont retrouvés au même endroit pour la même chose: lutter contre les violences. "Que des militaires soient venus en appui de la police, c’est sûr, ça peut choquer", consent-il. "Certains policiers nous ont remerciés et ont accepté notre aide, d’autres préféraient nous mettre à distance."

Le député Les Républicains du département voisin des Côtes-d'Amor Marc Le Fur, prenant aucune précaution sur la réalité des faits, s'est quant à lui réjoui d'une telle intervention.

Aucune plainte

Du côté de la justice, le parquet de Lorient indique ne "disposer d’aucun élément concret, ni objectif, pas plus qu’il n’a été destinataire d’aucune plainte, de la part de quiconque" concernant une intervention extérieure à celle des forces de l'ordre. "En l’absence d’éléments objectifs, de toute plainte et de toute saisine de mon Parquet et aussi au regard des dispositions de l’article 73 du code de procédure pénale, il apparaît que les conditions de l’ouverture d’une enquête pénale ne sont pas réunies, à ce jour", précise-t-il.

L'Armée a elle ouvert une enquête de commandement, à savoir que l'autorité militaire concernée, le commandement de la Forme maritime des fusiliers marins et commandos (Forfusco), enquête en lien avec ses subordonnés. Si ces faits étaient avérés, des sanctions pourraient être prononcées.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV