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Police-Justice

Les "tournantes" de Fontenay à nouveau devant la justice

Vue prise le 18 juin 2006 de la cité des Larris de Fontenay-sous-Bois. Une vingtaine de jeunes hommes qui en étaient originaires venaient alors d'être mis en examen.

Vue prise le 18 juin 2006 de la cité des Larris de Fontenay-sous-Bois. Une vingtaine de jeunes hommes qui en étaient originaires venaient alors d'être mis en examen. - -

La clémence du verdict en première instance avait suscité l'incompréhension. Huit des quatorze jeunes hommes jugés pour viols en réunion sur deux jeunes femmes comparaissent de nouveau mardi.

Mise à jour: l'une des plaignantes s'est retirée du procès, qui se tient à huis clos. Il n'y a désormais plus qu'une seule victime face aux huit accusés.

Près de quinze ans se sont écoulés depuis les faits, et un an depuis un verdict dont la clémence avait soulevé l'indignation. Ce mardi s'ouvre le procès en appel de huit hommes, jugés pour viols en réunion - des "tournantes" - commis sur deux adolescentes dans des cités de Fontenay-sous-Bois.

A l'automne 2012, ils étaient quatorze dans le box des accusés. Face à eux, deux femmes, Aurélie et Nina, 15 et 16 ans aux moments des faits, commis entre 1999 et 2001.

A l'issue de plus de trois semaines de débats dans un huis-clos étouffant, la cour d'assises du Val-de-Marne n'avait reconnu les viols que sur Nina, pas sur Aurélie. Et prononcé dix acquittements pour quatre condamnations: deux à un an de prison ferme, une à six mois ferme et la dernière, une peine avec sursis.

De victimes à accusées

L'estocade pour les deux jeunes femmes qui, tout au long du procès, avaient eu le sentiment de glisser du statut de victime à celui d'accusées. Trois semaines durant, la défense avait en effet cherché à faire vaciller leur témoignage sur des faits vieux de plus de dix ans.

Un témoignage qui avait, en outre, été douloureux à expier: ce n'est qu'en 2005 que la parole de Nina avait conduit à des investigations. Le cas d'Aurélie, lui, avait lui été découvert par les enquêteurs.

Le verdict avait également provoqué la colère et l'indignation des associations féministes. "Osez le féminisme" l'avait assimilé à "un permis de violer". Pour le Collectif national pour le droit des femmes, il témoignait "de l'incapacité de la justice à prendre en compte les récits des victimes de viols". "Un naufrage judiciaire pour les femmes", avait résumé l'une des avocats des plaignantes, Me Clotilde Lepetit.

Huit trentenaires dans le box

C'est le parquet qui avait décidé de faire appel. "Le verdict est trop éloigné du réquisitoire de l'avocate générale" et "ne correspond pas au déroulement des crimes et à leur appréciation", avait estimé la procureure de Créteil.

Ce mardi, seuls huit des 14 jugés en première instance sont rejugés en appel. Tous sont désormais trentenaires, mais la minorité de sept d'entre eux au moment des faits explique le fait qu'ils sont jugés par un tribunal pour mineurs. En novembre dernier, l'un d'eux avait en outre écopé de trente ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son ex-compagne.

Mathilde Tournier et avec AFP