Procès des tournantes : "Il ne peut y avoir banalisation du viol"

- - -
Harlem Désir a étéle premier à s'en étonner. Jeudi matin, le premier secrétaire par intérim du PS s'est dit "surpris" du verdict prononcé dans l'affaire des "tournantes" des cités de Fontenay-sous-Bois.
La cour d'assises du Val-de-Marne a décidé d'acquitter 10 hommes et d'en condamner quatre autres à des peines allant de trois ans avec sursis à un an de prison ferme.
Ne pas "minimiser des crimes"
En préambule, l'eurodéputé invité sur Canal + a affirmé qu'en tant "qu'élu de la République" il ne lui appartenait pas de "contester des décisions de justice". "Je ne pense pas que la justice cherche à minimiser ces crimes, cela souligne à quel point il y a toujours des difficultés pour obtenir des témoignages, établir des preuves et entendra la parole des femmes", a-t-il continué,ajoutant qu'il ne pouvait y avoir "de banalisation du viol".
Interrogée peu après sur Europe 1, Christiane Taubira a déclaré : "Il peut y avoir matière (à faire appel). Personnellement, je suis choquée par les tournantes en tant que telles, par toute forme d'agression contre les femmes et je pense qu'il faut créer les conditions pour que les faits soient établis et que les culpabilités puissent être effectivement identifiées".
De son côté, Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Droits des femmes, a également réagi, sur iTélé. Elle a estimé que le procès avait permis '"au moins une pédagogie".
C'est finalement la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui s'est montrée la plus réservée sur ce sujet, affirmant jeudi sur France Inter ressentir un "malaise". "Beaucoup de femmes n'osent pas porter plainte car elles redoutent la procédure judiciaire. Cela ne va pas les encourager à se déclarer", a-t-elle ajouté.
Les féministes montent au créneau
Deux associations féministes ont exprimé jeudi leur colère après le verdict du procès des viols collectifs dans le Val-de-Marne marqué par dix acquittements, emblématique, selon elles, des insuffisances de la justice dans ce type d'affaires. "Ce verdict envoie un message catastrophique à l'ensemble de notre société. Aux victimes de viol : porter plainte ne sert à rien ! Aux violeurs : il est permis de violer !", explique le mouvement.
"Le procès dans son ensemble est malheureusement à l'image du traitement judiciaire habituel des violences faites aux femmes et plus particulièrement des violences sexuelles", dit encore l'association, qui "rappelle que seules 10% des femmes victimes de viol portent plainte et que seuls 2% des violeurs sont condamnés".
Un "naufrage judiciaire"
Chacun avec leurs mots ces observateurs de la vie judiciaire pose un problème de fond.
Via Twitter, maître Eolas, avocat bien connu pour ses prises de position éclairantes, pose la problématique :
Autant je comprends un acquittement dans une affaire de viol, autant 5 ans dont 4 avec sursis, et 3 ans avec sursis, là, je vois pas,
En clair, soit les mis en examen sont convaincus de viol et la peine paraît clémente, soit ils ne sont pas coupables des faits reprochés et ils sont logiquement acquittés.
Rappelons que si dix des quatorze mis en examen ont été acquittés, quatre autres ont été condamnés pour des viols commis sur Nina, 29 ans. Ce qui scandalise les avocats des plaignantes qui n'hésitent pas à parler de "naufrage judiciaire", est donc la nature des peines prononcées : cinq ans dont quatre avec sursis pour deux des accusés et cinq ans dont quatre ans et demi avec sursis pour un troisième et trois ans avec sursis pour le quatrième.