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Police-Justice

Les stands de crêpes et de souvenirs de Marcel Campion sauvés par un plan de 1828

Le plan datant de Charles X, utilisé par Marcel Campion contre la Ville de Paris.

Le plan datant de Charles X, utilisé par Marcel Campion contre la Ville de Paris. - BFM Paris

La procédure d'expulsion demandée par la mairie de Paris contre deux stands tenus par des proches de Marcel Campion place de la Concorde a été suspendue par la justice grâce à un plan de 1828.

Nouvel épisode plutôt inattendu dans le conflit qui oppose la mairie de Paris à Marcel Campion. Le forain est parvenu à suspendre l'expulsion réclamée par la mairie de Paris de deux kiosques à souvenirs et à crêpes installés sur la place de la Concorde, grâce à un document de 1828! 

A l'origine de l'affaire, la décision de la mairie de Paris de ne pas reconduire l'autorisation d'occupation du domaine public de ces deux stands, l'un exploité par la fille de Marcel Campion, l'autre par l'un de ses proches. Un avis d'expulsion est envoyé aux forains en décembre, mais vendredi dernier la justice bloque la procédure. La mairie est dans l'incapacité de démontrer qu'elle est bien propriétaire des lieux où sont installés les deux kiosques. 

"D'un seul coup, la ville de Paris a parlé de démolition des stands. Les Parisiens n'ont pas élu ces gens-là pour en faire des dictateurs. Il devrait y avoir des discussions. Non, là ils décident et ils appellent la justice. Et bien voilà un coup sur le nez. Ils peuvent appeler la justice, le lieu ne leur appartient pas", explique Marcel Campion sur BFM Paris. "À partir du moment où vous êtes attaqués par un propriétaire, la moindre des choses c'est de demander l'acte de propriété. Ils ont été incapables de le fournir. Nous on l'a trouvé."

La mairie pas propriétaire selon un plan de 1828

En cause, un plan de 1828 utilisé par la défense de Marcel Campion, résultant d'une loi adoptée sous Charles X. Celui-ci délimite les portions de la place de la Concorde cédées à la Ville de Paris et donc dont la municipalité est propriétaire.

"Les terrains concédés à la Ville de Paris sont teintés en rose sur le plan. On voit le bas des Champs-Elysées qui est bien teinté en rose, mais en revanche on constate que les deux fossés sont bien teintés en blanc", détaille à BFM Paris Me Charles Edouard Forgar, avocat de Marcel Campion . 

Les deux stands en cause sont justement situés sur ces anciens fossés, désormais comblés, dont la Ville ne serait donc pas propriétaire.

Le précédent des Tuileries

Ce n'est pas la première fois que Marcel Campion fait appel à des documents historiques pour obtenir gain de cause. En 1993, il avait invoqué l'histoire dans un litige avec la mairie de Paris après une interdiction d'organiser une fête foraine dans le Jardin des Tuileries.

"En 1993, on avait été condamné parce qu'il y avait une fête foraine dans les Tuileries. Au Conseil d'Etat, on avait montré, avec l'historique, que des fêtes avaient toujours eu lieu dans le Jardin des Tuileries. Le tribunal ne pouvait donc pas soutenir qu'il n'y avait pas besoin de fêtes dans cet endroit", explique à BFM Paris, Marcel Campion. 

La Ville devra-t-elle restituer les loyers? 

C'est pourtant à la mairie de Paris que les exploitants des deux kiosques versent chaque année une centaine de milliers d'euros de loyer pour occuper les lieux. 

"Monsieur Campion peut laisser ses kiosques et le jour où on aura le nom du véritable propriétaire, on régularisera la situation, notamment s'il s'agit des établissements du Louvre", ajoute Me Forgar. 

Si c'est au Louvre qu'appartiennent les fameux anciens fossés, Marcel Camion menace de réclamer à la Ville la restitution des loyers payés depuis cinq ans pour ces stands. Il envisage également de réinstaller sa grande roue, qui était elle aussi située sur les anciens fossés. 

De son côté, la municipalité se défend et devrait faire appel de la décision de justice. Dans Le Parisien, la mairie explique être gestionnaire du domaine routier et donc des trottoirs de la place. A ce titre, elle s'estime "fondée à autoriser une implantation des stands ou, au contraire, à demander l'expulsion d'un occupant sans titre". Pour l'heure, les stands sont toujours en place. 

Sarah Wargny avec Carole Blanchard