Le procureur national antiterroriste dénombre une augmentation de 70% des procédures "liées au terrorisme jihadiste"

Le procureur de la République antiterroriste, à Paris, le 28 mars 2024. - JULIEN DE ROSA / AFP
"La menace est très concrète aujourd'hui". Dans un entretien accordé au Figaro, le procureur national antiterroriste, Olivier Christen, annonce que les procédures liées au terrorisme jihadiste "ont augmenté de 70% entre 2023 et 2024".
Attentat de Mulhouse, attentat d'Arras, attentat du pont de Bir-Hakeim... Pour le procureur de la République antiterroriste, "la menace comme les faits de terrorisme ne cessent d’augmenter en France et en Europe. Qu’elle soit inspirée ou commandée".
En 2025, le Pnat a déjà ouvert 38 procédures liées au terrorisme jihadisme, soit au même niveau qu'en 2020. "Le terrorisme jihadiste représente 86% des procédures que nous ouvrons au Pnat", détaille-t-il auprès du quotidien.
Trois attentats déjoués depuis le début de l'année
Et le nombre d'attentats déjoués, ne faiblit pas aussi: trois en 2022, six en 2023, neuf en 2024, et "trois sur les quatre premiers mois de 2025", précise Olivier Christen.
Selon lui, le regain de la menace terroriste "est la conséquence directe du renforcement de certaines organisations internationales, de leur propagande ou des tensions internationales".
Ces trois dernières années, le parquet antiterroriste a notamment constaté une forte hausse du nombre de mineurs mis en cause dans des projets d’attentat en France, mais aussi en Europe.
"Leur implication a atteint un niveau très élevé et n’est d’ailleurs pas propre à la France. Nous comptions deux mineurs mis en examen en 2022, 15 en 2023, 19 en 2024, et nous en sommes à sept en 2025", avance le procureur de la République antiterroriste.
Par ailleurs, une section des mineurs composée de trois magistrats a été construite début, avec la volonté de le renforcer avec un poste d’attaché de justice.
130 enfants français en Syrie
Cette section des mineurs assure aussi le suivi des procédures dans lesquelles sont impliquées des mineurs. Mais aussi la coordination de la prise en charge par la protection judiciaire de la jeunesse et de l'aide sociale à l'enfance des enfants qui ont été rapatriés de zones irako-syriennes.
Au total, 130 enfants français seraient encore détenus dans des camps du nord-est de la Syrie.
"La moitié de ces enfants sont nés en France, l’autre sur zone, et ils sont à parité garçons/filles. Les profils sont disparates en fonction de l’âge, de ce qu’ils ont vécu, de l’étendue de leur choc traumatique et de la présence plus ou moins assidue de leur famille", explique le procureur.
Il insiste sur le "devoir de la République de poursuivre cette prise en charge" des mineurs de retour de ces zones et de les intégrer le plus possible à la société". Une prise en charge qu'il justifie "parce que ces mineurs sont français mais aussi pour des questions d’avenir sécuritaire."