La police débloque des dépôts de carburants, nouvelles actions

Cordon policier devant le dépôt de carburants de Donges, en Loire-Atlantique. La police est intervenue dans la nuit de mardi à mercredi pour mettre fin au blocage de ce dépôt, ainsi que celui de La Rochelle, par les opposants à la réforme des retraites. / - -
PARIS (Reuters) - La police est intervenue dans la nuit de mardi à mercredi pour mettre fin au blocage par les opposants à la réforme des retraites de deux dépôts de carburants de l'ouest de la France, a annoncé le ministère de l'Intérieur.
Les actions de protestations se poursuivaient néanmoins mercredi matin et une source à la CGT annonce le blocage à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), près de Marseille, d'un dépôt stratégique qui alimente l'armée et les aéroports de Marseille et Nice.
A Donges (Loire-Atlantique), les gendarmes mobiles ont évacué vers 04h40 (02h40 GMT) les quelques centaines d'ouvriers, enseignants et dockers qui s'étaient rassemblés par solidarité avec les employés du dépôt pour en bloquer les accès, a constaté un photographe de Reuters.
"Quatre employés en grève ont été réquisitionnés pour faire fonctionner le dépôt", a expliqué à Reuters Jean-René Jaumouillé, délégué CFDT du dépôt.
Les syndicats n'excluent pas de revenir plus tard devant ce dépôt, qui alimente le Grand Ouest de la France et dont sortent jusqu'à 250 camions par jour. Selon un délégué de la CGT de Total, un barrage s'est reformé en amont sur la route et les camions ne pouvaient toujours pas approcher le dépôt.
Les accès au dépôt de La Rochelle (Charente-Maritime), bloqués depuis jeudi, ont aussi été libérés sans incident par les forces de l'ordre dans la nuit, a-t-on appris de source syndicale.
La centaine de manifestants qui se trouvaient sur les deux barrages situés aux extrémités de la voie d'accès au dépôt ont accepté de libérer les lieux sans que les 140 gendarmes mobiles dépêchés sur place n'aient à intervenir.
La circulation a été rétablie. Habituellement, une centaine de camions s'y ravitaillent quotidiennement pour alimenter une dizaine de départements du Centre-Ouest.
BARRAGES FILTRANTS
Selon le gouvernement, 4.000 des 12.500 stations-service du pays connaissaient mardi des problèmes d'approvisionnement, alors que les 12 raffineries du pays étaient toujours en grève.
Les distributeurs de carburant, pétroliers et hypermarchés sont convenus mardi de mettre leurs stocks en commun pour faciliter un ravitaillement des stations-service touchées par des pénuries.
Réunis autour du Premier ministre François Fillon, ils se sont engagés en outre à mettre en place des moyens de transport supplémentaires, au besoin grâce à des camions étrangers, pour acheminer les carburants.
Après une sixième journée de grèves et de manifestations, qui a rassemblé entre 1,1 et 3,5 millions de personnes, les syndicats doivent se réunir jeudi à Paris pour décider de nouvelles actions.
Les mouvements de protestation continuaient mercredi matin. L'accès routier de l'aéroport de Toulouse-Blagnac a été bloqué au petit matin par environ 200 employés de Airbus et Air France industrie, a-t-on appris à la préfecture.
Les manifestants ont organisé des barrages filtrants sur les routes, près de Saumur et Rouen, selon le Centre national d'information routière.
Des barrages ont également été installés aux entrées des trois principaux tunnels de Marseille, considérés comme vitaux pour les entrées et sorties de la ville, a-t-on appris de source syndicale.
Les forces de l'ordre sont intervenues pour faire évacuer les grévistes sur deux des trois sites. Le tunnel Saint-Charles, dans le quartier de la gare SNCF devait aussi faire l'objet d'une mesure similaire.
Les syndicats considèrent que c'est le gouvernement, qui ne veut pas rediscuter son projet, qui est responsable du blocage du pays.
"Qui prend en otages les salariés avec un projet qu'on ne veut pas discuter ? (...) Ils sont enfermés dans leur tour d'ivoire, ce sont eux qui sont complètement bloqués", a dit le secrétaire général de Force ouvrière Jean-Claude Mailly sur Canal +.
Selon deux sondages publiés ce mercredi, le mouvement bénéficie dans l'opinion d'un soutien massif de l'opinion.
Selon une enquête Viavoice pour Libération, une majorité de Français souhaite que le projet de loi soit partiellement modifié (61%) ou profondément modifié (60%) et 79% souhaitent une reprise des négociations avec les syndicats.
Nicolas Sarkozy l'a exclu pour l'instant. "Un chef de l'Etat a des devoirs aussi vis-à-vis des plus jeunes et vis-à-vis des déséquilibres fondamentaux de son pays", a-t-il déclaré mardi.
Thierry Lévêque avec Guillaume Frouin à Nantes, Claude Canellas à Bordeaux et Nicolas Fichot à Toulouse, édité par Grégory Blachier