La ministre de la Justice ne s'oppose pas aux portables en prison

Nicole Belloubet, la ministre de la Justice. - AFP
C'est un débat sans fin dans lequel vient de s'introduire la ministre de la Justice. Nicole Belloubet pose à nouveau la question de l'utilisation des portables en prison, un thème sur lequel s'opposent depuis des années personnel pénitentiaire et association de respect des droits en milieu carcéral. "Cette idée n’a rien d’absurde", estime quant à elle la Garde des Sceaux dans une interview parue ce mardi dans La Provence.
Lors d'une visite au centre pénitentiaire de La Farlède, dans le Var, la ministre de la Justice était interrogée sur ce thème. "Il faut donner aux détenus des moyens de communication, détaille Nicole Belloubet. Par des portables contrôlés ou des lignes fixes." C'est d'ailleurs le sens d'une expérience menée à la prison de Montmédy, dans la Meuse, où des téléphones filaires ont été installés dans chaque cellule.
Encadrer pour contrôler
Cette prise de position de la ministre tranche radicalement avec la politique menée ces dernières années sur cette question. Jusqu'alors, les différents locataires de la place Vendôme qui se sont succédé plaidaient d'avantage pour l'interdiction des téléphones portables en prison avec, notamment, la mise en place de brouilleurs, technologie souvent dénoncée car trop souvent dépassée. A peine nommé, François Bayrou se prononçait d'ailleurs pour.
De nombreuses voix au sein du système pénitentiaire s'élèvent pourtant pour réclamer une réflexion sur l'utilisation des téléphones portables en cellule. A commencer par la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté qui proposent un encadrement pour un meilleur contrôle des usages. "Il ne sert à rien de les empêcher d'avoir un téléphone", estime Adeline Hazan, plaidant pour des portables "bridés", achetés directement à la prison avec la mise en place de numéros "déclarés et vérifiés".
"Si on ne réfléchit pas à l’introduction des portables en prison, on ne résoudra pas le problème des flux", insistait auprès de BFMTV.com Marie Crétenot, responsable du plaidoyer à l'Observatoire international des prisons (OIP).
Depuis quelques années, la prolifération des téléphones portables est devenu un véritable fléau dans les centres pénitentiaires, alors que des téléphones fixes sont à disposition des détenus mais seulement à des heures fixes. Si l'administration en a saisi 27.520 en 2014, on en comptait plus de 33.500 l'an dernier. Des téléphones utilisés pour contacter les proches, pour se filmer mais aussi pour filmer les surveillants ou gérer des trafics à l'extérieur, assurent les syndicats de l'administration pénitentiaire.