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Police-Justice

La justice s'oppose à l'euthanasie passive de Vincent Lambert

Le CHU de Reims avait décidé pour la seconde fois d'arrêter l'alimentation de Vincent Lambert, avant que la justice lui ordonne de mettre fin au protocole de fin de vie.

Le CHU de Reims avait décidé pour la seconde fois d'arrêter l'alimentation de Vincent Lambert, avant que la justice lui ordonne de mettre fin au protocole de fin de vie. - -

Après avoir pris le temps de la réflexion, le tribunal administratif s'est, pour la seconde fois, opposé jeudi à ce que le protocole de fin de vie mis en place pour Vincent Lambert, tétraplégique en état de conscience minimal depuis cinq ans, soit mené à terme.

"Le tribunal a enjoint les médecins de maintenir l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert", a annoncé jeudi maître Jean Paillot, avocat des parents du patient. "On a sauvé la vie de Vincent", a-t-il encore estimé.

Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne s'oppose donc à ce que soit poursuivi un protocole de fin de vie pratiqué sur Vincent Lambert, tétraplégique en état de conscience minimal depuis cinq ans. Il suspend ainsi la décision du CHU de Reims, prise en accord avec sa femme et une partie de sa famille, d'arrêter l'alimentation de ce patient. C'est la seconde fois que le tribunal rend une décision en ce sens.

"Un traitement ni inutile, ni disproportionné"

"Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne suspend l'exécution de la décision du 11 janvier 2014 par laquelle le centre hospitalier régional universitaire de Reims a décidé d'interrompre l'alimentation et l'hydratation artificielles de M. Vincent Lambert", a indiqué le tribunal dans un communiqué.

Le tribunal a notamment "jugé que la poursuite du traitement n'était ni inutile, ni disproportionnée et n'avait pas pour objectif le seul maintien artificiel de la vie et a donc suspendu la décision d'interrompre le traitement", explique notamment la juridiction. Elle a estimé que "c'est à tort que le CHU de Reims avait considéré que Vincent Lambert pouvait être regardé comme ayant manifesté sa volonté d'interrompre ce traitement".

Un probable recours devant le Conseil d'Etat

"Le tribunal a reconnu que Vincent n'était ni malade ni en fin de vie et la loi ne pouvait pas s'appliquer. Dans le cas de Vincent les éléments pour arrêter l'alimentation ne sont pas réunis", a expliqué l'avocat des parents, maître Paillot.

Dans le camp adverse, l'appréciation de cette décision du tribunal administratif est diamétralement opposée. L'avocat de François Lambert, neveu de Vincent Lambert favorable à l'euthanasie passive, a indiqué qu'il pourrait faire appel devant le Conseil d'Etat. Cette décision n'est "pas très bien motivée", a jugé maître Bruno Lorit.

Une famille déchirée

Les parents, une soeur et un demi-frère de Vincent Lambert avaient saisi la justice après l'annonce du docteur Kariger, chef du service de médecine palliative du CHU de Reims, d'arrêter prochainement les traitements de nutrition et d'hydratation artificielles du patient tétraplégique en état de conscience minimale.

Tout au long des quatre heures d'audience mercredi, devant une famille divisée qui est repartie de part et d'autre de la salle en s'évitant du regard, les parties se sont opposées sur la place de Vincent Lambert dans le cadre de la loi Leonetti qui régit les droits des patients en fin de vie, son état de conscience et sa situation au sein du service de soins palliatifs.

David Namias avec AFP