BFMTV
Police-Justice

La fin probable d'un cold case: un homme mis en examen pour le meurtre suivi de viol d'une octogénaire en 2015 après une correspondance ADN

La justice représentée. (Photo d'illustration)

La justice représentée. (Photo d'illustration) - Michael Coghlan - CC - Flickr

Le parquet de Meaux (Seine-et-Marne) communique, ce mercredi 15 octobre, sur la probable résolution d'un cold case vieux de 10 ans. L'ADN d'un homme, interpellé en 2024 à Auxerre (Yonne) pour violences conjugales, a en effet "matché" avec celui retrouvé sur les lieux d'une scène de crime de 2015.

C'est probablement l'aboutissement de 10 longues années de mystère. Le parquet de Meaux (Seine-et-Marne) a annoncé, ce mercredi 15 octobre, la mise en examen et le placement en détention provisoire d'un homme pour le meurtre et le viol d'une femme de 89 ans en 2015. Il avait été interpellé et placé en garde à vue, deux jours plus tôt le 13 octobre.

En 2015, l'affaire avait provoqué une vive émotion au niveau local. Les expertises ADN n'avaient, à cette époque, pas permis de retrouver l'auteur des faits.

Mais en mars 2024, un homme, le suspect actuel, est placé en garde à vue pour violences conjugales à Auxerre dans une autre affaire et voit son ADN être prélevé. Un mois plus tard, le fichier national automatisé des empreintes génétiques permet d'établir une correspondance avec de l'ADN retrouvé sur la scène de crime en Seine-et-Marne, neuf ans auparavant.

Âgé de 29 ans au moment des faits, l'homme n'a pourtant jamais été signalé auprès des services de gendarmerie ou de police. Seuls des délits routiers lui avaient été imputés. Il est désormais accusé "d'homicide volontaire précédé, accompagné ou suivi de viol sur personne vulnérable".

Du sang retrouvé sur un gilet

Le 12 juillet 2015, dans une résidence pour personnes âgées située à La Ferté-Gaucher (Seine-et-Marne), le corps sans vie d'une femme de 89 ans est retrouvé dans un logement en rez-de-chaussée.

La porte de l'appartement est verrouillée de l'intérieur, mais une fenêtre est ouverte sur le parc appartenant à la résidence. À l'intérieur, aucune trace de vol ou de fouille.

Après autopsie, les enquêteurs concluent au décès par "traumatismes thoraciques, abdominaux et cranio-faciaux graves sans lésion d'entrave". D'autres analyses, précise le communiqué de presse de Meaux ce mercredi 15 octobre, permettent de présumer d'un viol. Du sang est également retrouvé sur un gilet à proximité du corps.

Au terme des premières investigations, un homme de 28 ans est arrêté. Après avoir reconnu les faits, il décide finalement de se rétracter devant le juge d'instruction. Mis en examen en avril 2019, il est placé en détention provisoire avant d'être finalement libéré en mars 2020. Il sera par la suite placé sous le statut de témoin assisté en juillet dernier.

Un "match" ADN en 2024

Tout au long de l'instruction, détaille le parquet de Meaux dans son communiqué, des analyses génétiques sont réalisées avec exploitation des traces de sang du gilet. Celles-ci mettent en évidence la présence d'un ADN masculin.

Mais faute de concordance entre les prélèvements effectués sur la scène de crime et le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), l'enquête stagne et l'auteur des faits n'est pas identifié.

Ce n'est que le 19 avril 2024 que des séquences ADN "matchent" finalement entre le FNAEG et les traces sanglantes laissées sur le vêtement. Le profil génétique d'un homme, né en 1986, est confondu. Il aurait habité La Ferté-Gaucher en 2015 et "l'une de ses arrière-grands-mères avait séjourné dans le même établissement que celui où les faits avaient été commis", ajoute le parquet.

Des détails confirmés par le témoignage de la mère du suspect, habitante de la commune de Seine-et-Marne. Dans ses échanges avec la justice, la Fertoise explique que "peu de temps après cette période, le comportement de son fils avait changé, ce dernier s’enfermant, ne voulant plus sortir, ni même s’alimenter", souligne le procureur de la République Jean-Baptiste Bladier.

L'homme reconnaît les faits

Après son interpellation et son placement en garde à vue, ce lundi 13 octobre, le suspect a mis en avant des problèmes liés à la consommation d'alcool. Une addiction qui aurait eu des conséquences sur ses comportements violents dans la sphère intime. Et c'est dans ce contexte que l'homme a reconnu finalement son implication dans la mort d'une personne âgée dix ans plus tôt, en 2015.

"Il précisait avoir passé la soirée chez un ami et avoir consommé trop d’alcool. Après être sorti du domicile de son ami, il s’était rendu à vélo dans le parc de la résidence où il avait vu une fenêtre ouverte", précise le parquet de Meaux.

Dans son récit des faits, le suspect du meurtre explique être entré dans le logement de la vieille dame "peut-être pour voir s’il y avait de l’argent". Et c'est lorsque la victime s'est réveillée et l'a interpellé qu'il a basculé "du mauvais côté": coups de poing, coups de pied, puis étouffement.

Là, l'homme se serait servi de la canne de cette dernière pour la violer. "Selon lui, ces faits de viol avaient été commis post mortem", ajoute Jean-Baptiste Bladier.

Plus tard, le suspect, mis en examen ce mercredi 15 octobre par le juge d'instruction, aurait jeté les preuves de son acte dans la rivière du Grand Morin. "Lors de son interrogatoire par le juge, il a affirmé "être soulagé d’avoir dit la vérité et que la machine soit enclenchée". Il a aussi évoqué des "regrets immenses pour la famille", conclut le parquet.

3919: le numéro de téléphone pour les femmes victimes de violences

Le "3919", "Violence Femmes Info", est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). C'est gratuit et anonyme. Il propose une écoute, informe et oriente vers des dispositifs d'accompagnement et de prise en charge. Ce numéro est géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).

Camille Dubuffet