"Il m'a renversée avec sa voiture": une victime raconte les violences exercées par son ex-mari

Pendant plus de 10 ans, le quotidien de Laura a été rythmé par des scènes de violences déclenchées par son compagnon. Coups de pieds, coups de poings, menaces... "En 2019, il m'a renversée avec sa voiture un soir d'alcoolisation", témoigne-t-elle sur BFMTV, s'inscrivant parmi les 142.310 victimes de violences conjugales recensées cette année-là par le ministère de l'Intérieur.
"Trois semaines après notre mariage [en 2020, NDLR], il m'a mis plusieurs coups de pied et m'a déplacé trois côtes. Quelques années auparavant, j'avais pris un coup de couteau sur la main...", énumère cette mère de deux enfants.
Pendant cette décennie de sévices, Laura tente de s'extraire de la violence en alertant les autorités. En 2014, elle se rend à la gendarmerie mais "on m'a dit: 'Est-ce que vous êtes sûre que vous voulez détruire sa vie?' Alors je suis rentrée bêtement chez moi, avec une fracture de l'os hyoïde après un étranglement...", se souvient-elle, amère.
"Ce témoignage est édifiant, notamment sur le refus de prendre la plainte alors que l'on sait qu'en matière de violences conjugales, il y a des consignes très claires pour expliquer l'importance du dépôt de plainte", réagit sur notre antenne Emmanuelle Masson, porte-parole du ministère de la Justice.
"On attendait que je sois une énième victime?"
Laura parvient finalement à porter plainte en octobre 2020, enclenchant une procédure qui a abouti la semaine dernière à la condamnation de son ex-mari à 12 mois de prison avec sursis.
"Il a obtenu l'autorisation d'avoir les enfants un week-end sur deux, donc je dois toujours avoir des contacts avec lui", se désole-t-elle.
Et d'ajouter: "J'ai été équipée d'un téléphone grave danger seulement au bout de cinq mois de procédure car j'ai alerté sur les réseaux sociaux qu'il venait devant chez moi. Ensuite, des patrouilles de gendarmerie sont venues devant mon domicile et je les en remercie, mais il a fallu faire du bruit pour ça, sinon il se passait quoi? On attendait que je sois une énième victime?"
Une défaillance qui renvoie à d'autres soupçons de dysfonctionnements dans le traitement des dossiers de violences intrafamiliales. Mercredi, Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti et Marlène Schiappa ont annoncé la mise en place d'une mission d'inspection afin de faire "toute la lumière suite au terrible féminicide d'Hayange" en Moselle, le week-end dernier.
Enquêtes sur des défaillances
Dans la nuit de dimanche à lundi, une jeune femme de 22 ans a été tuée en pleine rue à coups de couteau. Son conjoint, soupçonné d'être l'auteur des faits, était placé sous contrôle judiciaire au domicile du couple alors que son comportement violent avait été signalé par l'administration pénitientiaire à la justice.
C'est la deuxième fois en moins d'un mois que le gouvernement décide d'une mission d'inspection après un féminicide. Cela a été le cas après qu'un homme, condamné pour violences conjugales, a immolé par le feu sa femme en pleine rue à Mérignac, après lui avoir tiré dans les jambes pour qu'elle tombe à terre début mai.
La mission diligentée alors et dont les conclusions seront rendues publiques le 10 juin, a dénoncé le 12 mai dans son rapport "une suite de défaillances" des différents intervenants (police, justice, administration pénitentiaire etc.).