Le témoignage glaçant de Valérie Bacot, victime de violences conjugales

Valérie Bacot - Clémence de Blasi
C'est un nouveau témoignage bouleversant sur les violences conjugales. Valérie Bacot, cette femme accusée d'avoir tué son mari violent, publie ce mercredi Tout le monde savait, un livre dans lequel elle relate l'enfer qu'elle a vécu pendant vingt-quatre ans.
"Tout le monde savait, écrit-elle. Tout le monde se doutait. Beaucoup de gens avaient leur petite idée de ce qui pouvait m'arriver dans l'intimité du foyer. Les coups, la violence banalisée, les humiliations quotidiennes... Tous les invariables de cette vie qui n'en est pas vraiment une."
Une vie de violences
Alors qu'elle n'a que 12 ans, elle est violée par Daniel Paulette, son beau-père. Celui-ci sera condamné pour ces faits. Mais à sa sortie de prison, il retourne au domicile de la mère de Valérie Bacot et les viols reprennent. La jeune fille tombe enceinte de lui à 17 ans. Sa mère la rejette, elle est seule et contrainte de suivre Daniel Paulette. Elle tombe sous son emprise et aura trois autres enfants de lui.
L'homme est violent. Verbalement, physiquement et sexuellement. Un représentant de son comité de soutien expliquait à BFMTV.com qu'il l'obligeait à se prostituer. Il aurait ainsi aménagé un véhicule pour cette activité et lui transmettait les instructions par oreillette. Ses enfants auraient tenté de dénoncer les faits mais n'auraient pas été pris au sérieux par les gendarmes.
La nuit du 13 mars 2016
Après une passe violente la nuit du 13 mars 2016, il la menace à nouveau. La veille, il aurait demandé à leur fille de 16 ans "comment" elle était "sexuellement". Un déclic, Valérie Bacot craint qu'il ne lui fasse subir le même sort. Elle saisit une arme à feu avec laquelle Daniel Paulette la menaçait régulièrement - il les collectionnait - et tire. "Pour qu'il ne nous tue pas, je l'ai tué", écrit-elle dans son livre.
Ses deux fils ainsi que le petit-ami de sa fille l'aident à enterrer le corps, qui ne sera découvert qu'un an plus tard. Les trois garçons, mineurs au moment des faits, ont été condamnés à des peines de six mois de prison avec sursis pour recel de cadavre.
Son procès en juin
Valérie Bacot a passé un an en détention provisoire puis a été libérée sous contrôle judiciaire. Son procès doit se tenir mi-juin aux assises de Saône-et-Loire. Elle risque la prison à perpétuité. En début d'année, un comité de soutien avait lancé une pétition pour obtenir sa grâce et a recueilli près de 350.000 signatures.
À quelques jours de l'ouverture de son procès, elle se dit sereine. "C'est normal que j'aille en prison pour ce que j'ai fait, a-t-elle affirmé dans un entretien dans l'émission Sept à Huit sur TF1. Ce que je redoute, c'est d'abandonner mes enfants et ma petite fille. D'un autre côté, j'ai hâte que ce procès se fasse. Je le considère comme mon procès, mais un peu comme son procès à lui aussi. Je le vois un peu comme mon dernier combat contre lui. Et, cela me permettra de savoir si j'arriverai pour une fois dans ma vie à être plus forte que lui."
Elle est défendue par Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini, les avocates de Jacqueline Sauvage, qui avait été condamnée à dix ans de prison pour avoir tué son mari violent avant d'être graciée par François Hollande.