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Guyane: à quoi va ressembler la nouvelle prison de haute sécurité en plein coeur de la jungle amazonienne?

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Après Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) et Condé-sur-Sarthe (Orne) dans l'Hexagone, un troisième centre pénitentiaire de haute sécurité, comprenant 500 places de prison, sera construit en Guyane, a annoncé le ministre de la Justice Gérald Darmanin. Son ouverture est prévue en 2028.

Un troisième centre pénitentiaire de haute sécurité en plein milieu de la jungle amazonienne. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé, samedi 17 mai, la construction d'une prison de haute sécurité en Guyane, département français d'Outre-mer.

L'objectif principal: "mettre hors d’état de nuire les profils les plus dangereux du narcotrafic", a revendiqué le garde des sceaux dans les colonnes du Journal du Dimanche (JDD), lors d'un déplacement en Guyane.

• L'établissement situé à la frontière avec le Surinam

L'établissement, dont la première pierre n'a pas encore été posée, sera construit sur un terrain de plusieurs dizaines d'hectares dans la jungle amazonienne à sept kilomètres du centre-ville dans la commune de Saint-Laurent du Maroni au nord-ouest de la Guyane française.

Ville la plus peuplée du département ultramarin, elle compte près de 54.000 habitants et partage sa frontière avec le Surinam. En isolant les détenus en pleine forêt amazonienne, le ministère de la Justice espère pouvoir les couper définitivement de leur réseau criminel.

"Nous voulons que cette prison serve à éloigner durablement les têtes de réseau du narcotrafic. Ils ne pourront plus avoir aucun contact avec leurs filières criminelles", a assuré Gérald Darmanin dans l'hebdomadaire.
Croquis 3D de la future prison qui doit être construite en Guyane et dont l'ouverture est prévue en 2028.
Croquis 3D de la future prison qui doit être construite en Guyane et dont l'ouverture est prévue en 2028. © Ministère de la Justice 

• Un projet prévu dans les accords de Guyane de 2017

Cette nouvelle prison s'inscrit dans le cadre du projet de cité judiciaire prévu par le plan d'urgence des accords de Guyane signés en avril 2017, puis entérinée en 2023 par Eric Dupont-Moretti.

L'ancien ministre de la Justice affirmait alors que "l’amélioration de la situation de la justice dans nos Outre-mer est pour moi une priorité", qualifiant ce projet "exceptionnel" de "preuve indiscutable."

Plus largement, ce centre pénitentiaire doit faire partie d'une cité judiciaire qui inclura également un tribunal, une antenne de la protection judiciaire de la jeunesse et une antenne du service pénitentiaire d'insertion.

• 500 places de prison, dont 60 réservées aux narcotrafiquants

Ce nouveau centre pénitentiaire comprendra 500 places de prison, dont un quartier de haute sécurité réservé à une soixantaine de narcotrafiquants. Le ministre de la Justice a justifié sa décision en mentionnant la présence, en Guyane, Guadeloupe et Martinique, de "49 narco-bandits" considérés comme "extrêmement dangereux".

"Il faut que les citoyens ultramarins aient la même sécurité que les citoyens hexagonaux", a-t-il argué samedi.

Avec sa proximité avec le Brésil et le Surinam où des réseaux criminels de trafic de stupéfiants sont très bien implantés, la Guyane est traversée par une délinquance organisée. Le taux d'homicides est de 18,4 pour 100.000 habitants, contre 1,2 en Hexagone.

Croquis 3D de la future prison qui doit être construite en Guyane et dont l'ouverture est prévue en 2028.
Croquis 3D de la future prison qui doit être construite en Guyane et dont l'ouverture est prévue en 2028. © Ministère de la Justice
Croquis 3D de la future prison qui doit être construite en Guyane et dont l'ouverture est prévue en 2028.  
Croquis 3D de la future prison qui doit être construite en Guyane et dont l'ouverture est prévue en 2028.   © Ministère de la Justice

Pour Gérald Darmanin, la construction d'une nouvelle prison en Guyane est une réponse à la surpopulation de la prison Rémire-Montjoly, située près de Cayenne, qui enregistre 1.100 détenus pour 600 places. La Guyane enregistre en effet une forte surpopulation carcérale, avec une densité de 134,7%, selon les chiffres du ministère de la Justice au 1er juin 2024.

• 15 places de prison spécifiques pour les islamistes et radicalisés

Sur les 500 places de places de prison énoncées, 15 seront également dédiées aux détenus islamistes radicalisés ou encore aux fichés S condamnés pour terrorisme. Selon les informations de TF1, ce nouveau centre pénitentiaire pourra également accueillir certains des plus dangereux criminels venus de l'Hexagone, à 7.000 kilomètres de là.

Croquis 3D de la future prison qui doit être construite en Guyane et dont l'ouverture est prévue en 2028.  
Croquis 3D de la future prison qui doit être construite en Guyane et dont l'ouverture est prévue en 2028.   © Ministère de la Justice

Mais le choix de la Guyane comme nouveau lieu d'incarcération n'est pas sans rappeler le passé douloureux du territoire, où les forçats venus de métropole étaient envoyés dans des bagnes de 1850 à 1938.

"Cette page de l'Histoire est tournée et j'espère qu'elle ne reviendra pas", a asséné Sophie Charles, maire sans étiquette de Saint-Laurent du Maroni, dans un discours prononcé devant le ministre, cité par Guyane la 1ère.

• Un régime carcéral "extrêmement strict"

La nouvelle prison de Guyane sera soumis à "un régime carcéral extrêmement strict", a indiqué Gérald Darmanin. Elle appliquera notamment la nouvelle loi contre le narcotrafic, adoptée en avril dernier à l'Assemblée nationale.

Parmi les règles en vigueur: une surveillance 24h/24, des promenades et des visites limitées ou encore une mise à l'isolement en cas de mesure de protection ou de sécurité.

Des fouilles intégrales systématiques auront également lieu en cas de contact physique avec une personne extérieure. Comme les prisons de haute sécurité en hexagone, le nouveau centre pénitentiaire sera aussi équipé de brouilleurs de téléphones et de drones.

Alors que Gérald Darmanin a annoncé en mars dernier vouloir renvoyer dans leur pays les détenus étrangers incarcérés en France, le projet d'une nouvelle prison en Guyane s’inscrit dans une politique pénitentiaire beaucoup plus large. Quelques jours avant son déplacement dans le département d'Outre-mer, le ministre s'est rendu au Brésil pour rencontrer son homologue Ricardo Lewandowski et négocier un accord permettant ce type de transfert.

"Le Brésil et la France font face aux mêmes réseaux, aux mêmes routes, aux mêmes cartels. La coopération entre nos deux pays est cruciale. C’est une guerre que nous devons mener ensemble", a plaidé le ministre de la Justice dans le JDD.

Ce nouveau centre pénitentairie voulu par le ministère de la Justice est la troisième prison de haute sécurité de France, bâtie sur le même modèle que celles de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) et Condé-sur-Sarthe (Orne). D'un coût total de 400 millions d'euros, elle devrait ourvrir d'ici 2028.

Orlane Edouard