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Police-Justice

Garde à vue de Nicolas Sarkozy: a-t-il eu un traitement particulier?

Nicolas Sarkozy lors d'un déplacement à Berlin le 28 février dernier. (Clemens Bilan - AFP)

Nicolas Sarkozy lors d'un déplacement à Berlin le 28 février dernier. (Clemens Bilan - AFP) - -

L'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, s'est dit "humilié" par sa mise en garde à vue. A-t-il raison de le penser?

Nicolas Sarkozy a-t-il subi, comme il tend à l'affirmer, une "humiliation" et un traitement différent d'un justiciable normal lors de sa garde à vue de mardi, 8 heures, à mercredi, 2 heures du matin, moment auquel il s'est vu signifier sa mise en examen.

> 15 heures de garde à vue, c'est long?

La durée de la garde à vue - il y en a près de 500.000 par an en France - de Nicolas Sarkozy, 15 heures, a été dénoncée par l'ancien chef de l'Etat et par ses alliés. "La garde à vue normale est de 24 heures, renouvelable une fois pour 24 heures supplémentaires. Pour des faits très grave comme les affaires de terrorisme la "GAV" peut aller jusque 96 heures", explique le magistrat, président de l'Union syndicale des magistrats, Christophe Régnard à BFMTV.

La règle est définie par le code de procédure pénale. C'est un moyen de privation de liberté qui évite les communications entre plusieurs mis en cause ou l'éventuelle modification d'éléments. Rappelons aussi que son avocat Thierry Herzog et un autre protagoniste, Gilbert Azibert, ont également été placés en garde à vue.

L'ancien avocat général à la Cour de Paris, Philippe Bilger a exposé sur son blog une autre justification à cette garde à vue "surprise" et qui constitue une première pour un ancien chef de l'Etat: "Si ces magistrats ont été obligés de mettre en oeuvre un tel dispositif, c'est à cause du comportement de Nicolas Sarkozy qui n'a pas cessé depuis sa défaite d'activer un réseau d'informateurs dans les hautes sphères de l'Etat. Pour être prévenu, alerté, pour influencer et déséquilibrer".

> Le bureau des juges à 2 heures du matin

Par ailleurs le défèrement direct aux juges est conforme aux habitudes. Nicolas Sarkozy s'est ému qu'"aucune question" ne lui a été posée.

Mais, l'audition et l'interrogatoire avaient été préalablement réalisé par les policiers de la Direction centrale de la police judiciaire de Nanterre. Mis en examen, il a désormais accès au dossier de l'instruction.

> La comparaison avec Jérôme Cahuzac

"Jérôme Cahuzac, lui, n’a pas fait une seconde de garde à vue", s'est indigné Nicolas Sarkozy. Et pour cause, l'ancien ministre du Budget avait lui-même avoué ses fautes - après avoir longtemps nié - et demandé à être entendu par les juges d'instruction en charge de son compte bancaire à l'étranger.

> Un acharnement des magistrats syndiqués?

"La loi du 13 juillet 1983 est très claire, rappelle Sarah-Lou Cohen, spécialiste justice sur BFMTV. 'Aucune distinction ne peut-être faite entre les fonctionnaires en fonction de leur opinion politique ou syndicale".

"Une vingtaine de magistrats s'occupent peut-être de moi, une dizaine de policiers. Tous mes téléphones sont écoutés", a affirmé Nicolas Sarkozy mercredi. En réalité 13 enquêtent directement ou indirectement sur l'ancien président de la République, dont le nom est ou a été cité dans 7 affaires majeures.

Samuel Auffray