Face aux accusations de Mounia, Tariq Ramadan s'explique pour la première fois devant les juges

Tariq Ramadan est déjà mis en examen dans deux affaires de viol. - AFP
L'affaire Tariq Ramadan prend un nouveau tournant ce mardi. Le théologien suisse, incarcéré depuis quatre mois à la prison de Fleury-Mérogis, est convoqué ce mardi pour son premier véritable interrogatoire par des juges d'instruction. Une entrevue qui pourrait se conclure par une nouvelle mise en examen pour "viol" sur une troisième femme, et ce alors que Tariq Ramadan change de ligne de défense.
A l'issue de sa garde à vue le 2 février dernier, Tariq Ramadan a été mis en examen pour deux viols présumés, dont un sur personne vulnérable. Cette fois-ci, les magistrats en charge du dossier devraient se concentrer sur une troisième plainte déposée le 7 mars dernier par Mounia, une femme de 45 ans, ancienne call girl, qui affirme avoir été sous l'emprise du théologien suisse et dénonce une série d'agressions sexuelles entre février 2013 et juin 2014.
"C’est quelqu’un qui aimait agripper par les cheveux très fortement, mettre à genoux en imposant diverses choses", avait-elle confié sur notre antenne au mois de mars dernier.
"Il a commencé à m’étouffer"
La quadragénaire dit avoir vécu ce genre de scène à Paris, Lille, Londres et Bruxelles. D'après sa plainte, Mounia décrit la même spirale que les autres plaignantes. Elle dit avoir été abordée par Tariq Ramadan sur Facebook alors qu'elle traversait une période compliquée. Après quelques discussions sur le réseau social, elle aurait vu le théologien à huit reprises, au cours desquelles ils auraient eu des rapports sexuels. Elle a mis fin à leur relation quand ce dernier aurait tenté de l'étouffer. La plaignante décrit des échanges forcés, auxquels elle a tenté de mettre fin.
"Surtout lorsqu’il a commencé à m’étouffer, en le repoussant et en lui disant ‘non’, et il continue, a-t-elle détaillé. Il fallait que je fasse tout ce qu’il me demandait, de prendre des photos dans des positions de soumission, à genoux et l’appeler ‘maître’, c’était quelque chose de très important pour lui."
"Pas crédible"
Visé par quatre plaintes pour viol, dont trois en France, Tariq Ramadan, dont la sclérose en plaques diagnostiquée a été jugée compatible avec une détention, pourrait être déstabilisé par un élément. La victime présumée de 45 ans a en effet remis une robe noire tachée de sperme qu'elle avait conservée. Pour l'heure, les résultats de l'expertise scientifique ne sont pas connus mais pourraient contraindre le théologien suisse, un homme de grande morale aux yeux de ses partisans, à changer sa stratégie de défense et reconnaître, dans cette affaire, des relations extra-conjugales avec la plaignante.
"Il n’est absolument pas crédible de prétendre avoir été violée neuf fois au court de plus de 12 mois, abonde son avocat, Me. Marsigny. Monsieur Ramadan a communiqué aux magistrats l’ensemble des vidéos et des photos adressées par cette plaignante et qui démontrent, sans aucune difficulté, qu’il n’y a jamais eu ni chantage, ni contrainte. Et que tout ceci était parfaitement libre et consenti."