Euthanasie: pour Leonetti, Bonnemaison a "choisi l'illégalité"

Le député UMP Jean Leonetti arrive à la cour d'assises de Pau pour témoigner au procès du Dr Bonnemaison, ce mardi 17 juin. - -
Le débat sur la fin de vie s'est introduit ce mardi au procès de Nicolas Bonnemaison, ce médecin accusé d'avoir volontairement empoisonnemé sept de ses patients. La cour d'assises de Pau a décidé d'entendre comme témoin le député UMP Jean Leonetti, le "père" de la loi du 22 avril 2005 portant sur la fin de vie, afin qu'il vienne rappeler les grands principes de son texte.
"Nicolas Bonnemaison n'est pas un assassin", a estimé l'élu des Alpes-Maritimes, médecin cardiologue de profession. "Mais dans un contexte particulier il a choisi l'illégalité, la transgression. (...) La plus grave au droit pénal". Si le texte de Jean Leonetti autorise le corps médical à mettre fin à l'acharnement thérapeutique - "l'obstination déraisonnable" - , il n'autorise pas l'euthanasie active.
"Soulager des souffrances extrêmes"
Médecin urgentiste, Nicolas Bonnemaison est soupçonné d'avoir abrégé lavie de sept personnes âgées, cinq femmes et deux hommes, entre mars 2010 et juillet 2011 à l'hôpital de Bayonne, où il exerçait. Pour lui, ces piqûres visaient à "soulager des souffrances extrêmes", ce qu'il a réaffirmé en audience ce mardi.
Pour Jean Leonetti, Nicolas Bonnemaison a "donné la mort à des malades qui ne le demandaient pas". Tout en reconnaissant que, face à un patient inconscient, le médecin touchait une "limite". "On manque d'éléments objectifs pour savoir à quelles doses donner l'antalgique."
"Médecin tout-puissant"
Pour administrer ses piqûres, le docteur Bonnemaison avait fait le choix d'agir seul. La loi Leonetti n'interdit pas au praticien de décider seul de soulager un patient en fin de vie par injection, même si celle-ci risque d'entraîner la mort.
Il a cependant estimé que cet exercice solitaire de la médecine était le fait d'un praticien "ayant du mal à résister à sa toute-puissance". "Aujourd'hui, la médecine a changé. Si on fait ça tout seul, un jour on fait une erreur", a-t-il estimé.
"Je ne me considère pas comme un médecin tout-puissant ou au-dessus des lois", a rétorqué Nicolas Bonnemaison. Mais comme un médecin "qui essaie de faire le plus humainement son travail."