VIDEO - Fin de vie: le Dr Bonnemaison face aux juges

Nicolas Bonnemaison à son arrivée à la cour d'appel de Pau, le 6 septembre 2011. - -
Littéralement, euthanasie signifie "bonne mort". Et c'est cette mort que Nicolas Bonnemaison estime avoir donné à sept de ses patients en fin de vie. En leur administrant un psychotrope à dose fatale, il a argué qu'il devait, en tant que médecin, "mettre fin à des souffrances extrêmes". Au regard de la loi, au contraire, il a purement et simplement empoisonné ses patients. Son procès, qui s'ouvre ce mercredi, devrait s'accompagner d'un retour du débat sur la fin de vie.
Nicolas Bonnemaison, 53 ans, était urgentiste au Centre hospitalier de la Côte basque à Bayonne. Il est accusé d'avoir, entre mars 2010 et juillet 2011, abrégé la vie de sept personnes âgées, cinq femmes et deux hommes, dans une unité de son service. D'après l'enquête, il aurait utilisé de l'Hypnovel, un psychotrope, et au moins une fois du Norcuron, une substance à base de curare utilisée en anesthésie-réanimation, qui entraîne la paralysie des muscles respiratoires.
Pas un "militant de l'euthanasie"
Pour la justice, il s'agit d'homicides volontaires. Car le texte qui encadre la fin de vie, la loi Leonetti du 22 avril 2005, fait valoir le droit "au laisser mourir" mais ne cautionne pas l'euthanasie active. Devant la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques, qui le juge jusqu'au 27 juin, Nicolas Bonnemaison risque donc la réclusion criminelle à perpétuité.
Toutefois, aucun proche d'un des sept patients n'a porté plainte contre lui. A la fin du mois de mai, selon RTL, la veuve d'un patient a même tenu à soutenir Nicolas Bonnemaison. Selon elle, son mari, Fernand, a été accompagné selon ses souhaits afin de mettre un terme à ses douleurs.
Le praticien, lui, a toujours assumé ses actes, estimant avoir "sa conscience pour lui". Il ne se voit pas comme un "militant de l'euthanasie", soulignant juste qu'il devait mettre fin à des souffrances intolérables. "Il a toujours expliqué avec franchise et honnêteté ce qui s'est passé", a rappelé Me Arnaud Dupin, son avocat.
Pétition de soutien
Au sein de la communauté médicale, le docteur Nicolas Bonnemaison a reçu de nombreux soutiens. Dans une lettre ouverte au président de la République, plus de 250 praticiens ont dénoncé la radiation de leur confrère de l'Ordre des médecins, en janvier 2013. Et une pétition en sa faveur a recueilli 60.000 signatures.
Sur le plan professionnel, le docteur Bonnemaison est décrit par son entourage comme un "médecin passionné par son travail", "sérieux et compétent", voire "perfectionniste". Il a toujours manifesté un vif intérêt pour la prise en charge des malades en fin de vie, consacrant sa thèse aux "soins palliatifs et à l'accompagnement de fin de vie". Sujet à des dépressions, il est néanmoins décrit comme "fragile" et "parfois très renfermé".