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Police-Justice

Emplois fictifs: Marc Joulaud assure avoir eu une "collaboration orale" avec Penelope Fillon

Marc Joulaud, Penelope Fillon et François Fillon à leur procès, au tribunal judiciaire de Paris, le 26 février 2020.

Marc Joulaud, Penelope Fillon et François Fillon à leur procès, au tribunal judiciaire de Paris, le 26 février 2020. - Benoit PEYRUCQ / AFP

Marc Joulaud, l'ancien suppléant de François Fillon et actuel maire de Sablé-sur-Sarthe, a affirmé que Penelope Fillon l'avait aidé à construire sa "notoriété" auprès des Sarthois. Il encourt, lui aussi, dix ans de prison et un million d'euros d'amende dans le procès qui vise le couple Fillon.

C'est le troisième homme de l'affaire Fillon. Marc Joulaud, l'ancien suppléant de François Fillon qui siégeait à l'Assemblée nationale lorsque celui-ci était membre du gouvernement Raffarin, a été entendu ce mercredi par le tribunal correctionnel de Paris. Accusé de détournement de fonds publics, l'actuel maire de Sablé-sur-Sarthe a nié en bloc les soupçons d'emploi fictif de Penelope Fillon, assurant que celle-ci faisait partie d'une "équipe" dont l'objectif premier était de "tenir la circonscription". Il encourt dix ans de prison et un million d'euros d'amende.

Un salaire brut de 6.500 euros par mois

En mai 2002, le député de la Sarthe François Fillon est nommé au gouvernement. Il prend la tête du ministère des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité, puis de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche jusqu'en 2005. Pendant ces trois ans, Marc Joulaud prend sa place sur les bancs de l'hémicycle et signe un contrat de travail avec Penelope Fillon de 151 heures, payées 6.500 euros brut par mois pour que celle-ci devienne sa collaboratrice parlementaire.

Mais les preuves de son travail effectif sont limitées. Lors des perquisitions, les enquêteurs n'ont retrouvé qu'un discours traduit en anglais. Les autres collaborateurs ne sont pas non plus en mesure d'expliquer son rôle. Elle-même a reconnu au cours de l'instruction n'avoir rédigé "ni notes, fiches ou revues de presse, qu’elle ne corrigeait pas ses discours, n’avait ni horaire de travail ni bureau", rappelle 20 Minutes.

"Je n’étais élu que depuis un an, elle y vivait depuis 20 ans"

À la barre ce mercredi, Marc Joulaud a maintenu sa même ligne de défense, assurant que Penelope Fillon l'avait aidé à mieux connaître la circonscription, à préparer "des visites, des réunions publiques":

"[Penelope m'aidait à] me faire connaître, me donner de la visibilité, de la notoriété, me présenter des gens. Je n’étais élu que depuis un an, elle y vivait avec son mari depuis 20 ans", explique l'édile. Et d'affirmer que "l'objectif central" de leur collaboration était justement de "tenir la circonscription."

Au fil des mois, l'ancien suppléant devenu député se fait connaître auprès de la population, alors pourquoi poursuivre le contrat avec Penelope Fillon, s'interroge longuement la magistrate. Lui insiste sur le fait qu'il n'était pas si connu auprès des électeurs, alors qu'elle avait "tissé une relation avec les habitants."

"Elle devait être elle-même présente sur le terrain, être le réceptacle des doléances des habitants. Elle devait aussi gérer le courrier adressé à François Fillon", ajoute-t-il.

"Collaboration orale"

La présidente fait remarquer que l'épouse du futur Premier ministre était à Paris du lundi soir au jeudi midi, qu'elle n'avait ni bureau ni ordinateur ni téléphone dans la Sarthe. Son travail consistait essentiellement en une "collaboration orale", répond Marc Joulaud.

Plus tard dans l'après-midi, la principale intéressée s'est présentée au tribunal pour appuyer l'idée de favoriser "l'implantation" du suppléant, originaire du département voisin dans le fief sarthois. Sur le fait que ni les journalistes locaux, ni les autres collaborateurs ne peuvent expliquer avec précision son travail, elle bafouille:

"Je ne voulais pas prendre sa place ou l’écraser, j’étais encore plus soucieuse de rester en retrait."

Appelé à son tour à la barre après son épouse, François Fillon a confirmé avoir voulu monter une "équipe pluridisciplinaire", insistant sur le fait que le salaire de son épouse était conforme à l'enveloppe dédiée aux collaborateurs parlementaires. Devant les magistrats et des bancs du public remplis, l'ancien Premier ministre a parfois eu du mal à cacher son irritation. Il aurait sans doute voulu être partout ailleurs, sauf au tribunal, pour célébrer le jour de ses 66 ans.

Cécile Ollivier