"Elle a fait comme elle a pu": une femme jugée en appel pour avoir tué son grand-père souffrant en mettant le feu à son lit

Le tribunal judiciaire de Bourg-en-Bresse, dans l'Ain - Google Streetview
Sa peine sera-t-elle alourdie en appel? Une femme âgée de 32 ans comparaît ce lundi 23 juin en appel à Bourg-en-Bresse (Ain) pour l'assassinat de son grand-père grabataire en août 2020. Alors qu'elle avait échappé à la prison en écopant de 5 ans de réclusion avec sursis en première instance, le parquet avait fait appel de sa condamnation.
"On est dans l'attente. Ce procès replonge ma cliente dans cette tranche de vie très douloureuse, la fin de vie de son grand-père. Elle a été profondément marquée par ce qu'elle a fait et par la violence du procès" qui s'est déroulé en octobre 2024, réagit son avocat, Me Thibaud Claus, auprès de BFMTV.com.
Le 23 août 2020, la jeune femme alors âgée de 28 ans répand de l'essence sur le lit de son grand-père de 95 ans et déclenche un incendie à l'intérieur de sa chambre à Saint-Laurent-de-Mure (Rhône), entraînant sa mort. Interpellée, elle a fini par reconnaître les faits et a expliqué son geste en disant qu'elle souhaitait abréger les souffrances du nonagénaire qui, selon elle, "ne voulait plus se réveiller".
Émilie Gutierrez a été mise en examen pour "assassinat". Son procès en première instance s'était ouvert à Lyon en octobre 2024, marqué par des débats sur la fin de vie.
"Son acte n'a pas été malveillant"
Défilant à la barre pour témoigner, les proches de l'accusée et de la victime ont évoqué l'amour "fusionnel" que portait la jeune femme à son grand-père. Selon Le Progrès, c'était elle qui avait été désignée comme référente auprès des médecins qui suivaient le nonagénaire.
"Son acte n’a pas été malveillant, loin de là. Elle a été la plus courageuse pour faire quelque chose d’impensable et d’irréparable", a par exemple commenté sa sœur à la barre, citée par nos confrères.
"Rien de ce qu’elle a fait n’est de l’euthanasie, du droit à mourir dans la dignité. C’est un acte cruel et égoïste", avait pour sa part lancé l'avocat général.
La crainte d'une peine revue à la hausse
À l'issue de deux jours d'audience, la mise en cause de 32 ans avait été condamnée à 5 ans d'emprisonnement avec sursis: la cour a estimé qu'il y avait bien eu préméditation, mais que la femme présentait une altération de son discernement au moment des faits. Une décision qui signifiait qu'elle n'avait pas à effectuer de peine de prison.
Cependant, le parquet, qui avait requis 15 ans de réclusion criminelle à son encontre, a choisi de faire appel de cette condamnation, ouvrant la possibilité d'une peine revue à la hausse lors de ce nouveau procès.
"La Cour d'assises en première instance a fait preuve d'écoute et de recul, et a rendu une décision juste. On craint une décision plus dure en appel, avec un placement en détention" qui, juge Me Thibaud Claus, ne serait pas justifié au regard du profil de sa cliente.
Si Émilie Gutierrez n'est pas dans une "démarche militante", sa situation fait écho selon son avocat à celle de beaucoup "de Français esseulés face à la fin de vie d'un proche", dans un contexte sanitaire "catastrophique". "C'est une dame ordinaire qui a fait comme elle a pu, avec les failles qui étaient les siennes, et qui n'a plus eu le courage de dire 'non'", conclu Me Thibaud Claus. Le procès doit se tenir jusqu'à mercredi.