Echirolles: des accusés se mettent en scène sur Facebook

Trois des accusés vantent la violence sur leur page Facebook alors même qu'ils sont incarcérés. - Jean-Pierre Clatot - AFP
La première journée du procès des douze accusés dans la mort de Kevin et Sofiane à Echirolles en 2012, qui s'est ouvert lundi devant la cour d'assises de l'Isère, a été consacrée à la publicité des débats. Alors que les familles des victimes réclamaient l'ouverture des audiences, la justice s'est prononcée en faveur du huis-clos, demandé par plusieurs des accusés, dont deux d'entre-eux étaient mineurs au moment des faits. Leur avocat mettait en avant "la pression" qu'ils auraient pu subir.
Ces derniers ne veulent pas que les caméras soient braquées sur eux. Mais trois des accusés n'hésitent pourtant pas à s'exposer sur Facebook et à se vanter sur trois comptes restés ouverts pendant plusieurs mois - puis fermés juste avant le début du procès - comme l'a repéré Le Point.
Kalachnikov et piscine gonflable
"Moh Kawasaki", "Mantale D'ascié" et "El Chapo Courot", en référence au célèbre narcotrafiquant mexicain qui s'est évadé aux Etats-Unis, autant de pages où les meurtriers présumés se mettent en scène depuis plusieurs mois, alors même qu'ils sont actuellement incarcérés. Et ne semblent pas le regretter.
Sur ces pages, beaucoup de photos. Des images vantant les armes de poing et même les armes de guerre, comme une kalachnikov, sont publiées. Sur un cliché pris en prison, on pouvait voir l'un des accusés baignant dans une piscine gonflable installée dans sa cellule. Sur une autre, c'est un jeune qui fume un joint en faisant le V de la victoire.

Aucun regret
Hormis ces clichés, les accusés postent également de nombreux messages et commentaires qui ne font aucun doute quant à leurs actes. "Si la vérité blesse... imagine toi skune bale peut faire", lance l'un des détenus. "Un jour tous se paye", ajoute un autre.
"Des erreurs ont troublé mon passé mais je ne regrette rien de tout ce que j'ai fait", lance même l'un des prisonniers.
L'existence de ces pages et leur contenu ont suscité le choc et une vive consternation du côté des familles des victimes qui ont formellement identifié les meurtriers de leurs enfants sur les photos. D'autant que ces proches de Sofiane et Kevin avaient réclamé la levée du huis-clos pendant le procès.
"Nos enfants ont été assassinés en public, donc nous voulons un débat public", avait plaidé le père de Sofiane. Me Manivong, son avocat, a dénoncé sur France Bleu "une provocation et au pire une défiance vis-à-vis de la cour".
Ces comptes Facebook ont, à l'inverse, suscité le malaise du côté de la défense. Interrogée par la radio, Me Vernay, dont certains de ses clients sont à l'origine de ces comptes Facebook, a fait part de son étonnement. "Je suis extrêmement choquée, j'ai pris la parole pour expliquer au président que le procès se passait dans la salle et ne se passait pas à l’extérieur", a déclaré l'avocate, qui conclut que le co-détenu de son client aurait pu poster ces photos et écrire les commentaires.