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Disparition d'Émile: comment des associations accompagnent les parents face à ce type de drame

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En France, certaines associations accompagnent moralement, psychologiquement et judiriquement les parents dont les enfants ont disparu ou ont été assassiné.

Près de quatre jours après la disparition d'Emile dans la commune du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), le petit garçon de deux ans et demi reste introuvable. Et malgré de nouvelles recherches et auditions menées mardi, les enquêteurs n'ont toujours "aucun" indice, a reconnu le procureur de la République de Digne-les-Bains. Les opérations de ratissage sur le terrain, elles, ont pris fin ce mercredi soir. 

Disparition d’Emile, l’énigme après quatre jours de recherches
Disparition d’Emile, l’énigme après quatre jours de recherches
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Pour autant, les investigations ne s'arrêtent pas là. La cellule dédiée d'enquête a désormais une ampleur nationale, pour tenter de faire des rapprochements avec d'autres affaires ou envisager que l'enfant se trouverait dans un autre département. C'est désormais le volet d'enquête judiciaire qui va prendre le pas dans les investigations.

Des enquêtes relancées

Et dans les histoires de disparitions d'enfants, il y en a d'autres qui ne lâchent jamais l'affaire. C'est le cas par exemple des bénévoles de l'Aide aux Parents d'Enfants Victimes (Apev), une association nationale, animée par des parents dont un enfant a été assassiné ou a disparu. Fondée en juin 1991, elle regroupe aujourd'hui près de 250 familles.

"Quand on se retrouve dans un drame pareil, on est tout seul. On a beau être entouré, nos amis n'ont pas vécu ce que l'on vit. Cette association, c'est avant tout un lieu d'écoute, de parole, de rencontre. On a tous vécu un drame similaire, on se comprend", explique à BFMTV.com Danièle Castro, qui dirige l'antenne de l'Isère.

Âgée de 69 ans aujourd'hui, Danièle a rejoint l'association en 1993, quelques mois après l'assassinat de sa soeur et de sa nièce près de Grenoble. Pendant longtemps l'enquête n'a rien donnée, mais grâce à la ténacité de l'association, et notamment à celle "de bénévoles retraités de la police et de la gendarmerie", la justice a repris le dossier. En 2021, le beau-frère de Danièle a été mis en cause et placé en détention provisoire.

"L'association m'a été d'une grande aide pour relire le dossier d'enquête et choisir un avocat", poursuit Danièle Castro.

Car si l'association accompagne les familles sur le plan moral et psychologique, notamment via des groupes de parole, elle peut aussi les aider dans le processus judiciaire, comme lors des procès d'assises.

Un "accompagnement à vie"

La plupart du temps, les parents se rapprochent de l'association quelques mois, voire quelques années après la disparition ou l'assassinat de leur enfant. "Au début, ils sont très entourés, par les proches, par les enquêteurs et par la justice. Mais avec le temps, les médias s'en vont et ils se retrouvent seuls", décrypte Danièle Castro, qui estime que l'association est présente "dans un second temps, un temps plus long".

C'est d'ailleurs le cas de Pascaline, la maman de Yannis More, un petit garçon de 3 ans disparu le 2 mai 1989 à Ganagobie (Alpes de Haute-Provence), à une soixantaine de kilomètres du Haut-Vernet, où Emile s'est volatisé. Plus de trente ans après, la maman de Yannis, qui n'a jamais été retrouvé, fait toujours partie de l'Apev.

"L'accompagnement, c'est à vie", estime Danièle Castro.

À l'inverse, certaines familles n'ont jamais rejoint l'association. "Au moment de la disparition de la petite Maëlys, j'avais contacté la famille comme j'étais en Isère. Mais ils ne nous ont pas rejoints", explique la référente du département.

"Quand il y a un drame, on appelle la famille, on explique qu'on peut les accompagner, mais c'est à eux de choisir s'ils prennent ou non notre aide. On ne peut pas et on ne veut pas s'imposer", précise Danièle Castro.

L'association va-t-elle contacter la famille du petit Émile? "Peut-être que le président, Alain Boulay, va le faire comme il a de la famille dans la région", répond la septuagénaire.

"Tant qu'on n'a pas retrouvé de corps, tout est possible, toutes les hypothèses sont sur la table. Mais pour la famille, c'est insupportable de ne pas savoir ce que leur enfant est devenu", conclut Danièle.

Manon Aublanc