Dijon: un "commando" d'ultradroite menace un match de Ligue 1

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Des menaces planent contre la rencontre Dijon-Troyes. Un "commando" d'un groupe d'ultradroite indique vouloir mener une action violente lors du match de Ligue 1 prévu le 18 novembre s'ils n'obtiennent pas raison. Dans les colonnes du journal le Bien public, ils appellent à la libération de huit "collègues" arrêtés au milieu du mois d'octobre et soupçonnés de projeter des attentats et de s'en prendre, notamment, à des hommes politiques.
Se faisant appeler "Commando de défense du peuple et la patrie française" (CDPPF), le groupe communique via le journal régional. A la fin de la semaine dernière, il avait revendiqué des agressions à Dijon et à Chalon-sur-Saône, des attaques au marteau menées fin septembre. A chaque fois, les victimes n'ont été atteintes que légèrement. Mardi, dans un mail, le "commando" menace de représailles si leurs collègues ne sont pas libérés.
Il appelle également à "l'abandon des poursuites à leur encontre" (...) "sans quoi nous frapperons le prochain grand événement ayant Dijon". Parlant explicitement du "match de Première division Dijon FCO- Espérance Sportive Troyes Aube Champagne (ESTAC)".
Des hommes politiques visés
Les huit militants d'ultradroite, arrêtés en octobre, ont été mis en examen pour "association de malfaiteurs terroriste". Agés de 17 à 25 ans, ils avaient été interpellés dans le cadre d'une enquête portant sur Logan N., jeune homme de 21 ans, fiché S et admirateur de l'auteur de la tuerie d'Utoya, Anders Behring Breivik. Arrêté le 28 juin dernier à Vitrolles, dans les Bouches-du-Rhône, il a été repéré après avoir exprimé, sur internet, sa volonté de s'en prendre aux "blacks", aux "racailles", aux "jihadistes" et aux "migrants.
Les militants s'étaient regroupés en structure baptisée "OAS" - en référence à l'Organisation de l'armée secrète, responsable d'une campagne sanglante contre l'indépendance en Algérie - et projetaient de passer à l'acte. Toutefois le projet était loin d'être abouti même si des armes à feu ont été retrouvées au domicile de Logan N. Plusieurs cibles avaient été évoquées comme des mosquées, des personnes d'origine nord-africaine ou des personnes noires mais aussi des hommes politiques. Les noms du leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ou celui du porte-parole du gouvernement, Christophe Castener, étaient cités.
Groupuscule inconnu des autorités
La justice prend au sérieux les menaces proférées par le "commando" en soutien aux mis en examen mais cherche encore à prouver l'authenticité des courriers électroniques de revendication envoyés au Bien public. "Des éléments précis, dont certains sont conformes à la réalité" ont été relevés, a indiqué le procureur de la République de Dijon, Eric Mathais. Il a toutefois précisé que le parquet antiterroriste, informé de la situation, n'était pas pour l'heure saisi.
"Ce groupuscule n'est ni connu localement, ni nationalement", avait indiqué vendredi Eric Mathais, après le premier message pour revendiquer les attaques au marteau dont l'une avait été réalisée au cri d'"Allahou akbar". Le "commando" a d'abord contesté les avoir commises auprès du Journal de Saône-et-Loire, lui aussi destinataire de certains mails depuis jeudi, avant finalement de les revendiquer, expliquant le cri de l'agresseur par la nécessité "d'aiguiller les enquêteurs sur une fausse piste".