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Déraillement du TGV Est: "Pourquoi avoir freiné si tardivement?", s'interroge le frère d'une victime

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Quatre mois après le déraillement en Alsace d'une rame d'essai de TGV qui avait fait 11 morts et 42 blessés, la SNCF a réuni pour la première fois samedi à Paris les familles des victimes. BFMTV a rencontré Alain Jounot, dont le frère a trouvé la mort dans la catastrophe.

"Je pense à ma belle-sœur et à mon neveu. Je crois que leur vie est brisée". Quatre mois après le déraillement d'une rame d'essai de TGV qui a fait 11 morts et 42 blessés, le 14 novembre dernier à Eckwersheim, dans le Bas-Rhin, la SNCF a réuni, pour la première fois, samedi à Paris, les familles des victimes, dont Alain Jounot, que BFMTV a rencontré dimanche. Son frère Fabrice, père d'un enfant de six ans, est mort dans la catastrophe.

Cette réunion avec l'entreprise ferroviaire a été l'occasion d'aborder la question de l'indemnisation, mais aussi de faire un point sur l'enquête. Une enquête qui a bien avancé, selon Le Parisien, qui a révélé pour l'occasion que l’accident serait "dû à un non-respect de la feuille de route initiale". 

"Subitement, on décide de freiner tardivement"

En cause? Le conducteur aurait reçu l'ordre d'un supérieur hiérarchique, qui se trouvait dans la cabine au moment du drame, de "repousser la zone de freinage d’un kilomètre par rapport à la feuille de route établie", écrit le quotidien régional.

Une décision jugée incompréhensible par Alain Jounot:

"J'ai encore cette interrogation et j'aimerais le savoir dans les conclusions de l'enquête: pourquoi avoir freiné si tardivement?", relève-t-il au micro de BFMTV. "On fait 90 essais sur cette rame. On est, finalement, à l'avant-dernier essai. Pourquoi, subitement, on décide de freiner tardivement?"

Une décision jugée incompréhensible

Devant les gendarmes, le cheminot qui a donné l'ordre de repousser la zone de freinage, ne respectant pas ainsi la feuille de route initiale, a justifié sa décision par son expérience lors du trajet aller du TGV. "Au premier essai, nous avions constaté que nous avions encore de la marge", a-t-il expliqué lors de son audition.

"Ça, j'ai encore du mal à comprendre", commente Alain Jounot sur BFMTV. "Parce qu'à partir du moment où des procédures sont en place, qui exposent très clairement à quel point kilométrique il faut freiner, pourquoi avoir retardé ce jour-là?", s'interroge-t-il encore. 

La "sincérité" de Guillaume Pepy saluée

Cette décision aura des conséquences tragiques. Parce que c'est bien la vitesse qui serait la cause "unique" du déraillement du TGV, d'après la note d'étape du Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT), parue à la mi-février. Au moment de l'accident, le train circulait à 243 km/h alors qu’il aurait dû rouler à 176km/h.

Lors de sa rencontre avec les familles des victimes, Guillaume Pepy, le président de la SNCF, a reconnu la responsabilité de l'entreprise ferroviaire dans l'accident. Alain Jounot s'est dit touché par sa "sincérité". "C'était beaucoup de retenue, c'était aussi beaucoup d'empathie", a-t-il salué, reconnaissant envers la SNCF d' "assumer pleinement sa responsabilité".
C. P. avec Maria Pasquet