Depuis les années 1970, les mesures de sécurité routière ont-elle permis de sauver des vies ?

Un panneau limitant la vitesse à 80km/h. (ILLUSTRATION) - Philippe Desmazes - AFP
En 45 ans, le nombre de morts sur les routes a été divisé par presque six - il a même atteint en 2018 un plus-bas "historique" selon Edouard Philippe. Un recul considérable, sachant qu'il ne prend pas en compte l'agrandissement de la population, du nombre de conducteurs...
Il semble donc que les dizaines de mesures marquantes en termes de sécurité routière aient eu un impact positif.

En 2012, la Délégation à la sécurité routière assurait dans un communiqué que ces "ces centaines de milliers de vies sauvées, tous ces drames évités sont le résultat d’une combinaison de facteurs" :
Une "volonté constante de l’État". En 2002, le président Jacques Chirac avait fait de la sécurité routière une priorité nationale.
Une "amélioration de la sécurité des véhicules". L'apparition des airbags dans les voitures a par exemple sauvé de nombreuses vies. En 2016, la Délégation à la sécurité routière s'engageait "en faveur de l'airbag motocycliste" pour sécuriser les conducteurs de deux-roues - qui "représentent moins de 2% du trafic mais constituent 43% des personnes blessées graves et 22% des personnes tuées".
Un "aménagement des routes" : plus de signalisation, de glissières...
Une "prise de conscience des usagers". Que ce soit au niveau de la consommation d'alcool, de la vitesse, de l'attention au volant : de nombreux conducteurs ont "changé de comportement" selon la Sécurité routière. Les campagnes de publicité ou encore la prévention en milieu scolaire ont contribué au changement des mentalités.
- Des dernières années difficiles en termes de sécurité routière
Malgré ces progrès, la France restait en 2017 au dessus de la moyenne européenne avec 53 personnes tuées sur les routes par million d'habitant, contre 50 sur le reste du vieux continent.
En 2013 d'ailleurs, la courbe de mortalité était repartie à la hausse de manière inédite.

Les augmentations ne semblent pas très élevés à première vue : on parle en tout de 209 décès sur les trois années cumulées. Le plus inquiétant était plutôt la tendance.
Jamais, depuis les années 1970, la mortalité n'était repartie à la hausse trois ans d'affilée - même si il y a eu des années plus meurtrières que d'autres entre-temps. Plusieurs facteurs pouvaient expliquer cette hausse inhabituelle :
un relâchement des comportements des conducteurs au niveau de la vitesse et de l'alcool au volant, dû notamment à une présence policière et des contrôles moins fréquents.
l'usage du smartphone, qui diminue l'attention du conducteur et est responsable de nombreux accidents.
peu de mesures emblématiques concernant la sécurité routière. Depuis Jacques Chirac, les gouvernements n'ont pas vraiment fait de ce domaine une priorité. Certaines lois ont tout de même été votées : l'obligation d'avoir un gilet jaune et un triangle dans son véhicule en 2008, l'interdiction des avertisseurs de radars en 2012...
- Le passage aux 80 km/h, une mesure critiquée... comme ses aînées
La mesure la plus emblématique prise ces dernières années est certainement le passage de 90 à 80 km/h sur les routes à double sens sans séparateur central, des structures qui concentrent plus de la moitié de la mortalité routière.
Un changement critiqué par une partie de la population... comme la plupart des mesures de sécurité routière votées ces 40 dernières années.