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Crash A320: quels tests psychologiques passent les pilotes d'avion?

Le cockpit d'un avion A320. (Photo d'illustration)

Le cockpit d'un avion A320. (Photo d'illustration) - Adek Berry - AFP

Le copilote de Germanwings responsable du crash de l'A320 a effectué les mêmes tests et visites médicales, une à deux fois par an, que tous les pilotes allemands ou français.  Mais certains pilotes ne sont pas convaincus de l'efficacité de ces visites.

Deux jours après le crash d’un A320 de Germanwings dans les Alpes, les autorités françaises n’ont aucun doute: le responsable est le copilote, Andreas Lubitz, qui était seul dans le cockpit au moment du crash. Le jeune pilote de 28 ans avait entre ses mains les vies de 150 personnes quand il a commis l’irréparable. Le procureur de Marseille évoque un suicide plutôt qu’un acte terroriste, hypothèse retenue par le PDG de Lufthansa, Carsten Spohr.

"On passe d'un monde où l'on avait confiance dans les pilotes, premiers remparts de sécurité, à un monde où il faudra peut-être s'en méfier", résume un ancien enquêteur du bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), interrogé par l'AFP. Pourtant, la compagnie mère de Germanwings rappelle qu’Andreas Lubitz avait passé tous les tests psychologiques nécessaires avant d’être mis aux commandes.

Des tests médicaux une à deux fois par an

Andreas Lubitz avait d'ailleurs été sélectionné par l'autorité aérienne américaine, la FAA, comme particulièrement fiable en 2013, comme le montre un article de l'époque. "Depuis des années, nous suivons les recommandations de recrutement des pilotes avec minutie", argue Carsten Spohr. Avant de prendre les commandes, les pilotes et co-pilotes sont testés plusieurs fois au cours de leur formation. Ils doivent ensuite se rendre à des visites médicales annuelles.

En effet, pilote est "l'un des rares métiers dans lequel nous sous sommes soumis régulièrement à des examens médicaux", explique Daphné Desrosiers, pilote de ligne, sur BFMTV et RMC. "Il y a pour cela des centres d'expertise médicaux, civils ou militaires, et vous êtes inspectés sous toutes les coutures, que ce soit les yeux, le coeur, et mentalement". Et d'expliquer: "On vous délivre, selon votre âge, un certificat d'aptitude physique et mentale" à piloter. Ces examens sont effectués "au moins tous les ans, pour certains tous les six mois".

Le suivi psychologique ne convainc pas tous les pilotes

"Quatre séances de simulateur réparties sur toute l'année permettent en outre de contrôler (...), sous fort facteur de stress et de pression temporelle, que leurs dispositions psychologiques sont cohérentes avec les responsabilités exercées", relève Eric Prévot, commandant de bord chez Air France interrogé par l'AFP. "Sous stress, poussés dans nos retranchements, on ne fait pas longtemps illusion", estime le commandant.

Mais certains pilotes sont plus sceptiques au sujet de ces tests. "C’est du type, 'satisfait au boulot? La famille, ça va?' On n’apprend pas encore à stopper un collègue en train de se suicider!", tranchait un pilote d’Air France interrogé par l’Express en 2014, après la disparition du Boeing de Malaysia Airlines.

Lufthansa garde le même cap

Si Lufthansa propose un suivi psychologique aux pilotes qui le demandent, la compagnie dit se reposer sur des alertes de collègues plus que sur des tests intensifs. "Nous n’allons pas jusqu’à interroger les familles des proches, mais aucune compagnie ne le fait", reconnaît Carsten Spohr.

Pour autant, le PDG n’incite pas particulièrement les groupes aériens à changer de normes: selon lui, il s’agit d’une "tragédie unique", que "rien n’aurait pu empêcher".