Corse: Gérald Darmanin annonce un pôle judiciaire régional "inédit" pour lutter contre la criminalité organisée

Gérald Darmanin a annoncé la création d'un pôle judiciaire contre la criminalité organisée en Corse, le mercredi 4 juin 2025. - Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP
Pôle régional "inédit" contre la criminalité organisée, projet de pôle foncier pour simplifier les successions et souhait d'une nouvelle prison en Corse: le ministre de la Justice Gérald Darmanin a multiplié les annonces mercredi 4 juin à Bastia, assurant que "l'État n'a pas peur de juger en Corse".
Le Garde des Sceaux a assuré qu'il "n'existera pas d'autre pôle de cette envergure dans ce combat contre la criminalité organisée dans un autre territoire de la République", ce qui "montre à la fois l'attachement de l'Etat et du ministère de la Justice à la Corse, le caractère singulier de l'île et le mal qui peut la ronger".
Gérald Darmanin avait envisagé cette création, qui prend effet immédiatement, en février lors d'un discours devant l'Assemblée de Corse à Ajaccio pendant lequel il avait annoncé "un renforcement sans précédent" des moyens de lutte contre le crime organisé, dans une île choquée par le meurtre d'un jeune pompier avant Noël à Ajaccio et celui d'une étudiante de 18 ans, vraisemblablement ciblée par erreur en février à Ponte-Leccia (Haute-Corse).
En Corse, le nombre d'homicides rapporté à la population est le plus élevé de France métropolitaine.
"Pas un magistrat en moins"
Ce pôle "ne vient rien retirer à Ajaccio, pas un magistrat en moins", a déclaré le Garde des Sceaux en confirmant un "renforcement du parquet et du siège" à Bastia pour "lutter contre la criminalité organisée qui agit dans les extorsions de fonds, qui empêche la liberté d'entreprendre, l'égalité entre les citoyens", avec l'ajout de "57 magistrats et agents du ministère de la justice d'ici 2027" et des arrivées "dès septembre".
"Cela ne retire en rien le fait que la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée) de Marseille va continuer évidemment à travailler notamment sur les questions des homicides et sur le fait que le parquet national contre la criminalité organisée (Pnaco) que la loi a créé (...) pourra, le cas échéant, en co-saisine avec la JIRS de Marseille, intervenir bien évidemment en Corse", a-t-il ajouté pour préciser le champ d'action de ce nouveau pôle.
"C'est un message pour dire que l'on doit juger en Corse, l'État n'a pas peur de juger en Corse", a encore déclaré le ministre.
La première présidente de la cour d'appel de Bastia Hélène Davo a salué l'annonce de "la création immédiate" de ce pôle régional, "avec la publication dès ce soir d'une circulaire de politique pénale".
"En même temps, nous lançons la concertation pour créer un pôle foncier à Ajaccio, qui verra le jour, je l'espère, au tout début de 2026" pour "pouvoir aider la question des successions, de ce désordre (foncier) (..) qui empêche le fonctionnement économique classique de l'île", a également annoncé Gérald Darmanin. La Corse compte de nombreuses parcelles n'ayant jamais fait l'objet d'un titre de propriété, car la majorité des biens immobiliers et des terrains sont en indivision depuis plusieurs générations - ce qui empêche d'établir ce qui appartient à qui, ou dans quelle proportion.
De nouvelles places en prison?
Interrogé sur la surpopulation des prisons, le ministre de la Justice a aussi réaffirmé que "la prison, ce n'est pas l'exception, ça doit être la règle pour ceux qui font notamment des violences physiques".
"La bonne solution, ce n'est pas la régulation carcérale, ce n'est pas faire sortir des gens de prison (...) mais c'est construire des places supplémentaires de prison", a-t-il poursuivi, se disant "très favorable à la construction d'une unité supplémentaire de prison sur l'île de Beauté".
"On peut le faire à Borgo" (Haute-Corse), a-t-il estimé, précisant qu'on "a la chance d'avoir en Corse un domaine pénitentiaire qui appartient à l'Etat", ce "qui permettrait de le faire plus rapidement qu'ailleurs sur le territoire national".
Il a également appelé à ce que "le statut du repenti nouveau, 'à l'italienne'" s'applique en Corse, assurant que "si jamais les gens parlent (...), alors ils n'iront pas dans le même régime carcéral extrêmement difficile que nous mettons en place".