Campagne de Balladur: le PDG de la RATP Pierre Mongin mis en examen

Le PDG de la RATP Pierre Mongin lors de l'inauguration du tramway T5 le 31 août 2013 - -
Le PDG de la RATP Pierre Mongin, ancien chef de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon, a été mis en examen jeudi pour détournement de fonds publics par les juges enquêtant sur le financement de la campagne présidentielle de l'ex-Premier ministre en 1995, a annoncé son avocat.
"Pierre Mongin, dont la probité personnelle n'est pas mise en cause, conteste cette mise en examen infondée et illégale", a déclaré Me Olivier Baratelli, tandis que son client quittait le pôle financier du TGI de Paris. L'avocat a dit vouloir contester ces poursuites devant la chambre de l'instruction.
L'ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur, Nicolas Bazire, devait être de son côté entendu dans l'après-midi dans le cadre de la même enquête.
"Trois millions de francs en petites coupures"
Les juges financiers Roger Le Loire et Renaud van Ruymbeke étudient deux pistes pour déterminer s'il y a eu financement occulte de la campagne: des rétrocommissions sur des contrats d'armement et un détournement éventuel des fonds spéciaux de Matignon. C'est ce deuxième aspect de l'affaire qui vaut sa mise en examen au patron de la RATP.
Depuis le début des investigations, Pierre Mongin réfute toute participation à la campagne électorale d'Edouard Balladur. S'il a confirmé qu'il était, de par sa fonction, en charge des fonds spéciaux, il en réfute tout détournement occulte.
Il est mis en cause par l'ex-trésorier d'Edouard Balladur, René Galy-Dejean, qui a affirmé fin 2012 aux juges que Pierre Mongin lui aurait remis "trois millions de francs en petites coupures" au lendemain du premier tour de la présidentielle.
"Mon client a répété que la fable que raconte Galy-Dejean n'a jamais existé", a insisté Me Baratelli, rappelant qu'une procédure pour faux témoignage et subornation de témoins avait été engagée par son client.
"Statut dérogatoire"
Pour contester la mise en examen de son client, l'avocat souligne que les fonds spéciaux étaient régis par un "statut dérogatoire" datant de 1946 au moment des faits. Mis à disposition des ministères par Matignon, jusqu'à ce que Lionel Jospin ne mette un terme à cette pratique, leur utilisation ne donnait pas lieu à justification.
Pour l'heure placé sous le statut de témoin assisté, Galy-Dejean devrait être de nouveau convoqué début octobre par les juges, selon une source proche du dossier.
Nicolas Bazire a déjà été mis en examen, pour recel et complicité d'abus de biens sociaux, pour ce qui est des soupçons de rétrocommissions sur les contrats d'armement.