BFMTV
Police-Justice

#Balancetonporc: La créatrice du mouvement poursuivie en diffamation par celui qu’elle a accusé

Sandra Muller, journaliste à l'origine du #Balancetonporc, le 14 mars 2018

Sandra Muller, journaliste à l'origine du #Balancetonporc, le 14 mars 2018 - Bertrand Guay - AFP

Éric Brion, l'homme accusé par Sandra Muller, dénonce l'enchaînement de tweets le présentant "comme un prédateur sexuel". Il réclame leur suppression et 50.000 euros de dommages et intérêts.

La journaliste Sandra Muller, qui avait créé le mot-clé devenu viral #Balancetonporc dans le sillage du scandale Weinstein en 2017, est jugée pour diffamation mercredi à Paris. Elle est poursuivie par l'homme qu'elle avait accusé nommément sur Twitter.

Le 13 octobre 2017, la journaliste de la Lettre de l'audiovisuel twittait le message suivant: "#balancetonporc !! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlent (sic) sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends".

Message suivi quatre heures plus tard par un second tweet: "'Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit' Éric Brion ex patron de Équidia #balancetonporc". Ce deuxième tweet avait été rediffusé plus de 2500 fois.

"Il a été détruit, c'est la victime expiatoire"

Éric Brion, consultant et ancien directeur général de la chaîne de télévision Equidia, avait attaqué Sandra Muller en diffamation, réclamant 50.000 euros de dommages et intérêts, 15.000 euros de frais de justice, la suppression du tweet divulguant son nom (encore en ligne aujourd'hui) et des publications judiciaires. Tous deux devraient être présents mercredi après-midi devant la 17ème chambre civile du tribunal de Paris.

Éric Brion dénonce l'enchaînement des deux tweets le présentant "comme un prédateur sexuel", affirme Nicolas Bénoit, qui le défend avec Marie Burguburu. "C'est de la délation. A aucun moment il n'a la possibilité de se défendre, il est cloué au pilori", ajoute l'avocat. "Il a été détruit, c'est la victime expiatoire".

Contactée par l'AFP, Sandra Muller n'a pas souhaité s'exprimer avant l'audience.

Des excuses en décembre 2017

"Voilà quelqu'un qui a reconnu dans un premier temps qu'il a eu une conduite non convenable, qui s'en est excusé, et qui brusquement décide d'attaquer en justice", a commenté l'un des avocats de la journaliste, Francis Szpiner.

En décembre 2017, dans le journal Le Monde, Eric Brion avait dit "réitérer ses excuses" à Sandra Muller, reconnaissant avoir "tenu des propos déplacés" à son encontre "lors d'un cocktail arrosé très tard dans une soirée", tous deux ne travaillant pas ensemble. Il affirmait néanmoins refuser "l'amalgame" entre son "comportement et l'affaire concernant (le producteur hollywoodien) Harvey Weinstein, accusé de viols et de harcèlement sexuel par plusieurs femmes".

Sur Twitter, Sandra Muller a notamment reçu le soutien d'une des femmes attaquées par l'ancien député écologiste Denis Baupin pour l'avoir accusé de harcèlement et d'agressions. En avril, Denis Baupin avait perdu ce premier grand procès post-#MeToo en France, qui s'était mué en charge contre lui.

La parole de milliers de femmes dénonçant harcèlement ou agressions sexuelles s'était libérée sous ce mot-dièse #balancetonporc, rapidement devenu viral, et sous son équivalent en anglais #Metoo (#MoiAussi) lancé par l'actrice Alyssa Milano.

Salomé Vincendon avec AFP