Au procès Merah, un nouveau face-à-face éprouvant entre deux mères

Latifa Ibn Ziaten et Zoulikha Aziri. - AFP
Durant quatre heures ce jeudi, Zoulikha Aziri, la mère des frères Merah s’est de nouveau obstinée à défendre son fils Abdelkader, qui comparaît en appel pour association de malfaiteurs terroristes et complicité d’assassinat. Une obstination à laquelle s’est heurtée le besoin de vérité d’une autre mère, Latifa Ibn Ziaten, dont le fils Imad a été tué lors de l’attentat de Toulouse, le 11 mars 2012.
"Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise"
Interrogé sur le rôle d’Abdelkader dans la radicalisation et les actes de son frère, Zoulikha Aziri a multiplié les réponses vagues: “Je ne sais pas”, “Je ne me souviens plus”, “Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise”.
Un flou difficilement supportable pour les familles des victimes. Sur le banc des parties civiles, Latifa Ibn Ziaten a interpellé Zoulikha Aziri:
“Madame depuis que j’ai perdu mon fils je ne dors plus. Moi aussi je suis née de l’autre côté de la Méditerranée. S’il vous plaît madame, si vous êtes croyantes, dites-nous toute la vérité.”
"Moi aussi j’ai perdu un enfant"
Sans se retourner, la mère de l’accusé lui a répondu: “Tout le monde pleure. Ce que je vous ai dit, c’est la vérité. Moi aussi j’ai perdu un enfant. (...) Je ne comprends pas pourquoi Abdelkader est toujours en prison, ce n’est pas lui qui a fait l’affaire, celui qui a tout fait est mort, celui qui a tout fait c’est Mohamed".
Déjà lors du premier procès à l’automne 2017, le face à face entre les deux mères avait cristallisé les tensions, lorsque l’avocat Eric Dupond-Morretti avait lancé “c'est la mère d'un accusé... et d'un mort.” Une vérité, autre que celle demandée par Latifa Ibn Ziaten et inaudible pour les parties civiles.