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Police-Justice

Alpes-Maritimes: le guide placé en garde à vue après la mort de quatre personnes dans une avalanche

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Le guide de montagne qui accompagnait les quatre skieurs emportés par une avalanche vendredi a été "entendu dans le cadre d'une garde à vue". Une enquête a été ouverte pour homicides involontaires et blessures involontaires.

Quatre skieurs de randonnée sont morts vendredi, emportés par une avalanche à Entraunes, dans les Alpes-Maritimes. Ils se trouvaient à environ 2000m d'altitude, hors de tout domaine skiable alors que le risque d'avalanche était très élevé. C'est l'avalanche la plus meurtrière de cet hiver en France.

Le groupe de skieurs étaient composé de trois femmes et deux hommes. La cinquième skieuse, blessée, a été aussitôt médicalisée. Le guide qui les accompagnait est sain et sauf et a été "entendu dans le cadre d'une garde à vue" vendredi, a indiqué le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre. Une enquête a été ouverte pour homicides involontaires et blessures involontaires. 

"Un risque a été pris. Etait-il acceptable?"

Le ministère public a précisé que les skieurs, des seniors, étaient "apparemment expérimentés" et accompagné d'un guide de haute montagne, âgé d'une soixantaine d'années, qui était "expérimenté" qui "connaissait le massif".

Une imprudence a-t-elle été commise ? "C'est tout le sujet de l'enquête. (...) Un risque a été pris. Etait-il acceptable, raisonnable ou pas ?", a répondu Jean-Michel Prêtre qui a rappelé que la montagne était "un espace libre mais dangereux" et que le risque d'avalanche était "fort". 

L'accident s'est produit à Entraunes, à 130 km au nord de Nice et aux portes du parc national du Mercantour, en fin de matinée. Les skieurs évoluaient en pleine nature, près du col de la Cayolle situé à 2326 m d'altitude. 

Pris dans une double avalanche

Ils ont été pris dans le déclenchement d'une double avalanche alors qu'ils étaient engagés dans une pente dans un fond de vallée, a précisé le procureur. Le guide a pu se dégager de la couche neigeuse et a "pris l'initiative des recherches et a retrouvé l'une des personnes à sa charge", a-t-il ajouté. "Ils étaient équipés du matériel qui a permis de les retrouver", a dit le magistrat. Une soixantaine de personnes, CRS, gendarmes et pompiers, ont participé aux secours.

Dans un communiqué, le syndicat national des guides de montagne a exprimé "toute sa compassion aux familles des victimes" et "son plus grand soutien à son confrère".

Le syndicat assure que le versant sud du col de la Cayolle, où était le groupe au moment de l'avalanche, "est un itinéraire peu raide comportant plusieurs zones de terrain plat qui permettent aux professionnels de gérer la sécurité du groupe", invitant à la plus grande prudence "dans la divulgation d'informations peu sûres".

L'enquête devra déterminer la cause du déclenchement

L'enquête, confiée au Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) et à la brigade de recherche du Puget-Théniers, devra aussi déterminer si la cause du déclenchement était naturelle, ou provoquée "par une action humaine ou une combinaison des deux".

Le drame soulève des interrogations dans la région, alors que les conditions météo semblaient très risquées pour ce type de sortie de ski.

"Beaucoup de neige s'était accumulée ces derniers jours et le redoux que l'on connaît depuis jeudi a fragilisé le manteau neigeux frais", a expliqué à l'AFP Jean-Gabriel Delacroy, directeur de cabinet du préfet des Alpes-Maritimes.

Le risque d'avalanche dans le massif était de quatre sur une échelle de cinq, soit un risque fort, selon Météo-France.

L'avalanche du Mercantour est la plus meurtrière de l'hiver en France, après celle dans les Hautes-Pyrénées le 15 février qui avait tué trois skieurs. Depuis le début de la saison en novembre, 21 personnes sont mortes dans des avalanches et 13 ont été blessées, en prenant en compte les victimes de vendredi.

L.A., avec AFP