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Police-Justice

Air France: le procès de la chemise arrachée renvoyé à la rentrée

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Le procès de quinze salariés d'Air France a été renvoyé à septembre peu après son ouverture vendredi, un report opportun en pleine épreuve de force de la CGT avec l'exécutif sur la loi travail.

Le procès de cinq adhérents de la CGT pour l'épisode de la "chemise arrachée" du DRH d'Air France a été renvoyé peu après son ouverture ce vendredi par le tribunal correctionnel de Bobigny.

Quinze salariés d'Air France au total étaient convoqués devant le tribunal: cinq pour "violences en réunion", encourant jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende, et dix pour "dégradations" lors de la manifestation du 5 octobre contre un plan de restructuration de la compagnie aérienne menaçant 2.900 emplois.

Saisi d'une demande de renvoi présentée par la défense, le tribunal, contre l'avis du procureur, a décidé d'ajourner le procès aux 27 et 28 septembre, estimant préférable d'examiner le dossier sur deux jours au lieu d'un seul.

L'avocate de la CGT Lilia Mhissen a plaidé la "jonction" entre les faits devant être jugés vendredi et des faits présumés d'"immixiton dans un conflit social" pour lesquels elle a saisi la justice sous la forme d'une citation directe contre Air France, deux sociétés de sécurité privée et des vigiles.

"La défense des prévenus a tout fait pour ne pas être jugée aujourd'hui. Elle a commencé par une espèce de sabotage de l'audience pour obtenir un renvoi", a déploré Me Baudouin de Moucheron, l'un des avocats de la compagnie aérienne, partie civile au procès.

"L'enquête a été bâclée"

Avocat de deux des prévenus, Sofiane Hakiki assure que ses clients sont "vraiment déçus" par ce renvoi qu'il n'avait pas demandé; contrairement à la défense d'autres prévenus. Cela prouve selon lui que l'enquête a été bâclée".

Ses clients "voulaient que justice soit faite. Ils voulaient être entendus. Ils voulaient être jugées parce qu'ils sont aujourd'hui dans une situation morale exécrable", a expliqué Sofiane Hakiki à la sortie du tribunal.

Mobilisation à l'extérieur du tribunal

En contrebas du tribunal, malgré le renvoi, la mobilisation festive se poursuivait vendredi avec des prises de parole de syndicalistes et de personnalités politiques, tandis qu'à l'aéroport de Marseille-Marignane, plusieurs milliers de manifestants CGT se sont rassemblés dans la matinée en soutien aux prévenus.

Parmi les quelque 500 manifestants, dont des pilotes en uniforme, certains portaient des chasubles avec l'inscription "syndicaliste, pas voyou!". Les propos du Premier ministre Manuel Valls traitant de "voyous" les fauteurs de troubles avaient suscité un débat sur la légitimité du recours à la violence physique face à la "violence économique".

Les images de la chemise arrachée avaient fait le tour du monde et conforté la mauvaise réputation de la France en matière de dialogue social en entreprise.

K. L. avec Cécile Danré