Affaire Benalla: les policiers ne décolèrent pas après l'audition de Gérard Collomb

Alexandre Benalla a été filmé en train de frapper des manifestants. - Capture BFMTV
"On va remercier Alexandre Benalla", ironise-t-on du côté des policiers au lendemain de la diffusion d'un communiqué du chargé de mission à l'Elysée, filmé en train de frapper deux manifestants le 1er mai dernier. Par voix d'avocat, il justifie son intervention sur "deux individus particulièrement virulents" par "l'apparent dépassement des capacités opérationnelles des policiers sur place".
"Il y avait 20 forces qui étaient engagées ce jour-là, rétorque David Le Bars, le secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police national. C’était un très gros dispositif, comme tous les dispositifs de la préfecture de police de Paris qui est une maison qui travaille très bien sur le maintien de l’ordre. Jusqu’à présent, cette maison n’avait pas et n’aura jamais besoin d’individus extérieurs qui n’ont aucune qualification pour faire du maintien de l’ordre."
"Deux poids, deux mesures"
Avec son casque et son brassard, Alexandre Benalla a tout d'un vrai policier. Alors quand il s'en prend violemment à des manifestants, c'est l'image de toute la maison police qui est ternie, selon lui. "Cette affaire atteint de façon forte et durable l’image des forces de l’ordre, poursuit le syndicaliste. On n’a pas besoin de gens extérieurs dans les services d'ordre pour se comporter comme ça. Ce ne sont pas des gestes professionnels." Pis, les policiers voient dans le traitement de cette affaire une inégalité.
"Le gros souci c’est qu’il y a eu deux poids, deux mesures, estime Fabien Vanhemelryck du syndicat Alliance Police. M. Benalla a peut-être eu une sanction en interne par l’Elysée et ça les regarde parce que ce sont eux les responsables, mais si ça avait été un fonctionnaire de police dans cette affaire, si la vidéo avait été vue par l’ensemble des élus et de la population, qu’est-ce qu’il se serait passé? Le collègue aurait tout de suite été auditionné à charge, une enquête aurait été faite immédiatement et notre collègue aurait été ‘mis au pilori’."
Appel à la démission de Collomb
L'audition de Gérard Collomb lundi devant la commission d'enquête parlementaire à l'Assemblée nationale n'aura pas non plus éteint la colère qui gronde dans les rangs des forces de l'ordre depuis le début de l'affaire Benalla. Face aux députés, le ministre de l'Intérieur a chargé l'Elysée et la préfecture de police de Paris, estimant que l'information avait été prise en compte "au niveau adapté". "Il est quand même le premier flic de France, s'agace Alexandre Langlois, du syndicat VIGI CGT. On est au cirque. M. Collomb est un ministre qui n’a fait que mentir depuis qu’il est là, il ne fait qu’esquiver les coups." Son syndicat réclame tout bonnement sa démission.
Pour les policiers, d'autres têtes devraient tomber outre les trois policiers mis en examen pour avoir fourni à Alexandre Benalla des images de vidéo-surveillance datant du 1er mai. Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, avait alors dénoncé "des dérives individuelles, condamnables, sur fond de copinages malsains". "M. le préfet vise le chef d’Etat-major qui est l’un des commissaires mis en cause, Laurent Simonin, estime David Le Bars. C’est un contrôleur général, dans la préfecture de police ce n’est pas du tout le grade sommital et encore moins le sommet de la pyramide."
Et d'ajouter: "Ils ont commis des fautes, ils les connaissent, ils les reconnaissent. Ils s’en expliqueront devant les juges. Ce qui m’ennuie c’est que l’affaire tourne autour de trois policiers qui ne sont pas à un niveau d’encadrement suffisant pour expliquer la présence et les agissements de M. Benalla."