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Police-Justice

Alexandre Benalla se dit "abasourdi" par la tournure politique de l'affaire 

Ce lundi, alors que la commission d'enquête de l'Assemblée nationale procédait à des auditions, un communiqué en provenance des avocats d'Alexandre Benalla a filtré dans les médias.

Alexandre Benalla, mis en examen dimanche soir pour violences en réunion, immixtion dans l'exercice d'une fonction publique, port sans droit d'insignes réglementés et recel de détournement d'images, ainsi que pour recel de violation du secret professionnel, contre-attaque. Dans un communiqué rédigé par ses avocats maître Laurent-Franck Liénard et maître Audrey Gadot, qui a été révélé dans un premier temps par LCI ce lundi après-midi, alors que la commission d'enquête de l'Assemblée nationale initiait sa série d'auditions, le mis en cause, ex-chargé de mission à l'Elysée et filmé le 1er mai dernier en train de frapper deux manifestants, revient sur l'ensemble de l'affaire. 

L'autorisation remise en question

"Monsieur Alexandre Benalla est abasourdi par l'utilisation médiatique et politique de son action du 1er mai 2018 sur deux fauteurs de trouble qui agressaient les policiers", peut-on lire dans les premières lignes. Le texte évoque tout d'abord les circonstances qui ont permis à Alexandre Benalla de se trouver Place de la Contrescarpe, dans le Ve arrondissement parisien, le 1er mai dernier. "Monsieur Benalla, en sa qualité de chargé de mission, adjoint au chef de cabinet du Président de la République, a été invité par la DOPC de la Préfecture de police de Paris, à observer les opérations de maintien de l'ordre à l'occasion des manifestations du 1er mai, annoncées pour être particulièrement violentes". "Il a été accueilli et équipé par les services de police qui lui ont assigné différentes positions", ajoute encore le communiqué.

Ce lundi soir, le directeur de l'ordre public et de la circulation de la préfecture de police (le DOPC dont il est fait mention dans le communiqué) a livré une version des faits aux antipodes de celle-ci: "Cette autorisation n’existait pas, clairement ! Parce que si elle avait existé, elle n’aurait pu émaner que du préfet de police, lequel n’a jamais ni été sollicité pour une telle autorisation, ni n’est intervenue de quelque manière que ce soit pour la donner", a dit Alain Gibelin devant la commission des lois. Il a même ajouté:

"Chaque directeur est informé par le cabinet du préfet de l’existence d’une autorisation. Il va de soi qu’un directeur n’a pas compétence, n’a pas la possibilité d’accorder une telle autorisation donc pour être très clair, et je répète, de manière formelle, monsieur Alexandre Benalla ne bénéficiait d’aucune autorisation de la préfecture de police pour être sur cette manifestation."

La justification de Benalla

Le communiqué évoque aussi les faits eux-mêmes, en l'espèce les coups donnés à des manifestants. "A l'occasion de cette observation, Monsieur Benalla a pu compléter ses connaissances du maintien de l'ordre et n'avait pas vocation à intervenir personnellement sur ces opérations", concède-t-il. Mais le document assure ensuite que le comportement des deux personnes brutalisées justifiait son intervention:

"Toutefois, témoin des agissements de deux individus particulièrement virulents et de l'apparent dépassement des capacités opérationnelles des policiers sur place, Monsieur Benalla a pris l'initiative de prêter main forte au dispositif en aidant à la maîtrise de ces personnes. Cette action vigoureuse mais menée sans violence n'a causé aucune blessure. Les individus ont pu être interpellés, présentés à un officier de police judiciaire, et n'ont déposé plainte contre personne."

"Des conditions qui défient l'entendement" 

Le communiqué pose ensuite qu'Alexandre Benalla a "immédiatement" prévenu sa hiérarchie de son action et rappelle que celle-ci l'a placé sous le coup d'une sanction administrative. Il pointe enfin la dimension politique prise par le dossier:

"Cette initiative personnelle de Monsieur Benalla, qui s'inscrit dans le cadre des dispositions de l'article 73 du code de procédure pénale et n'a eu aucune conséquence pour les personnes interpellées, sert manifestement aujourd'hui à porter atteinte à la Présidence de la République dans des conditions qui défient l'entendement."

Un avocat spécialiste de la défense des forces de l'ordre 

Un regard porté sur la carrière des deux défenseurs d'Alexandre Benalla révèle que Laurent-Franck Liénard est avocat à la cour d'appel de Paris depuis 1992, et a ouvert son cabinet dans le VIIe arrondissement de Paris en 1999. Il est un spécialiste, comme il le dit lui-même sur son site, du droit des armes et de la légitime-défense.

Il cite aussi dans ses champs de prédilection la défense des forces de l'ordre auxquelles son client présent n'appartient cependant pas. Maître Audrey Gadot est quant à elle inscrite au barreau des Hauts-de-Seine et exerce depuis son cabinet de Nanterre. 

Robin Verner