Abdelkader, le frère de Mohamed Merah, reste en prison

Une avocate d'Abdelkader Merah a d'ores et déjà annoncé sa décision de faire appel, et un autre de ses conseil a jugé la position du juge "totalement désespérante".

Il restera derrière les barreaux. Un juge a ordonné jeudi le maintien en détention du frère de Mohamed Merah, Abdelkader, mis en examen pour complicité d'assassinats dans les tueries de Toulouse et Montauban en mars 2012.

Incarcéré depuis fin mars 2012, Abdelkader Merah avait déjà vu sa détention provisoire prolongée il y a un an et sa demande de remise en liberté avait également été rejetée fin novembre 2013.

Dans l'enquête sur les tueries perpétrées au nom du jihad par son frère, qui a assassiné trois militaires, puis trois enfants et un enseignant juifs entre le 11 et le 19 mars 2012 à Toulouse et Montauban, Abdelkader Merah est mis en examen pour complicité d'assassinats, association de malfaiteurs en vue de la préparation de terrorisme et vol en réunion.

Son avocat, Me Éric Dupond-Moretti, a qualifié la décision du juge des libertés et de la détention (JLD) de "totalement désespérante". "Tout a été vérifié et rien ne permet de dire qu'il a pu participer aux assassinats", a-t-il affirmé. "Aujourd'hui, on nous répond qu'il n'a pas de travail", pour justifier son maintien en détention, "mais ça fait deux ans qu'il est à l'isolement!", a déploré l'avocat.

Etait-il brouillé avec Mohamed Merah?

Selon une source judiciaire, le maintien en détention a notamment été justifié par la nécessité de poursuivre les investigations. De plus, une étude de "faisabilité technique" pour envisager un éventuel placement sous bracelet électronique, ordonnée par un précédent JLD, s'est avérée "négative", selon la même source.

"Nous ferons appel de cette décision", a indiqué une autre avocate d'Abdelkader Merah, Me Tiffany Dhuiege.

Abdelkader Merah a toujours soutenu s'être brouillé de longue date avec son frère et n'avoir renoué avec lui que quelque temps avant sa mort dans l'assaut du Raid, le 22 mars 2012. Il affirme qu'il ignorait les projets de Mohamed Merah.

Présent lors du vol du scooter

Salafiste radical repéré depuis 2007, il a reconnu avoir été présent lors du vol du scooter utilisé par son frère lors de ses crimes, mais ce vol a été commis, selon lui, à son insu. Il a aussi confirmé la présence d'un troisième homme à ce moment-là, dont il refuse de donner le nom.

Lors d'une audition, début septembre 2013, il avait assuré au juge qu'il ne partageait pas la vision de son frère sur le jihad.

Mais à la mi-décembre, une avocate des parties civiles, Me Samia Maktouf avait demandé de faire traduire la signature utilisée par Abdelkader Merah sur des PV d'audition. Selon une source proche du dossier, l'avocate révélait dans sa demande d'acte que le suspect signait en langue arabe avec les mots suivants: "Dieu est unique et vous êtes des mécréants".

A.L.M. avec AFP