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Police-Justice

À Saint-Omer, début du procès sous haute sécurité du braqueur récidiviste Redoine Faïd

Redoine Faïd est jugé en appel à la cour d'assises de Saint-Omer (Pas-de-Calais) pour le braquage d'un fourgon en 2011.

Redoine Faïd est jugé en appel à la cour d'assises de Saint-Omer (Pas-de-Calais) pour le braquage d'un fourgon en 2011. - BFMTV

Le braqueur, connu pour ses deux évasions spectaculaires, doit comparaître ce jeudi à Saint-Omer pour son procès en appel après l'attaque d’un fourgon blindé en 2011. D'importantes mesures de sécurité ont été prises aux abords du tribunal. Une ville "bunker" dénoncée par ses avocats.

L’ex-évadé le plus célèbre de France de retour devant les tribunaux. Redoine Faïd, 47 ans, est jugé en appel à partir de ce jeudi devant la cour d’assises de Saint-Omer (Pas-de-Calais) pour son rôle dans l’attaque d’un fourgon blindé dans le département en 2011, pour laquelle il a été condamné en première instance à 18 années de réclusion. Depuis plusieurs semaines, le tribunal, tout comme la ville, s’est préparé à recevoir celui qui a déjà deux évasions réussies à son actif.

Le souvenir du procès Outreau

Certes, pour cette commune qui a accueilli les trois mois d’audience de l’affaire d’Outreau en 2004, les procès sous tension ne sont pas un défi inédit. “On a régulièrement d’importants dossiers criminels, cela fait partie de la vie habituelle d’une vie de cours d’assises”, souligne auprès de BFMTV.com l’édile François Decoster. Mais ce dernier reconnaît que le procès de Redoine Faïd possède “une dimension particulière”. “L’écrivain”, comme le surnomment les policiers, s’est déjà illustré à deux reprises par de spectaculaires évasions.

En 2013, cette figure du grand banditisme s’enfuit de la maison d’arrêt de Lille-Sequedin (Nord), en faisant sauter à l’explosif les portes de l’établissement carcéral. Cinq ans plus tard, il s’échappe du centre pénitentiaire de Réau (Val-de-Marne), cette fois à l’aide d’un hélicoptère. Il aurait projeté au moins une autre évasion de la prison de Fresnes, selon Brendan Kemmet, auteur de L’évasion du Siècle, La vérité sur Redoine Faïd.

Détecteurs de métaux et arrêt anti-survol aérien

Depuis plusieurs semaines, le tribunal a donc pris d’importantes mesures pour sécuriser les lieux. La juridiction a installé de nouveaux portiques détecteurs de métaux, ainsi qu’un système de contrôle de bagages au rayon X. La sécurité sera assurée “par des services spécialisés”, a ajouté le sous-préfet de Saint-Omer, Guillaume Thirard, lors d’une conférence de presse. Ces préparatifs, anticipés de longue date, ont nécessité un investissement financier de 250.000 euros. 

Au-delà des murs du tribunal, Saint-Omer a également pris ses dispositions. La circulation et le stationnement ont été interdits entre 9 et 17 heures dans deux rues situées à proximité immédiate du tribunal, ainsi qu’aux abords des deux écoles du périmètre. De même, les obsèques dans la cathédrale du palais épiscopal, attenant au tribunal, ont également été interdites durant le procès.

“Il a été demandé à la police municipale d’avoir une vigilance accrue dans ce secteur, avec si nécessaire des contrôles d’identité”, ajoute le maire de Saint-Omer.

Le préfet a également pris un arrêté interdisant tout survol aérien de la zone.

Un "bunker"

Du côté de la défense, toutes ces mesures sont perçues comme un “foutage de gueule”.

“On fait passer ça pour des mesures de sécurité, alors que le tribunal se met juste aux normes”, tempère l’un des trois avocats de Redoine Faïd, Hugues Vigier, contacté par BFMTV.com. “Tout le monde dit que la ville est un bunker, comment les jurés vont le regarder!?”, s’insurge-t-il encore.

Aux côtés de Me Yasmina Belmokhtar et Me Franck Berton, il a fait une demande de renvoi, estimant que son client ne peut actuellement pas bénéficier d’un “procès équitable” dans de telles conditions. L’audience pourrait par ailleurs être perturbée par le mouvement de grève des avocats contre la réforme des retraites. 

Un état de santé “extrêmement préoccupant”

Surtout, Redoine Faïd, qui refuse d’être contraint de se présenter à la justice, a démarré une grève de la faim depuis une semaine pour dénoncer ses conditions de détention. À la veille du début de l’audience, son avocat nous assure que son état de santé est “extrêmement préoccupant”. Il a "des difficultés pour parler, des pertes de mémoires et des signes d'atteinte rénale", indique-t-il.

“Son isolement pour une longue durée a aussi pu avoir des conséquences sur sa vie psychique. Aujourd’hui, il essaye d’expliquer à la justice qu’il n’est pas en mesure de participer activement à sa défense.”

Me Hugues Vigier nous précise avoir demandé mardi en urgence une expertise médicale indépendante pour s’assurer que son client était en mesure de comparaître. Cette dernière a eu lieu mercredi à la mi-journée, a fait savoir Redoine Faïd à son avocat. Les résultats n'ont pas encore été communiqués.

Esther Paolini