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"Ils n'ont pas pris les choses au sérieux": la famille d'Inès Mecellem, victime de féminicide, dénonce l'inaction policière

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Le frère et la mère d'Inès Mecellem sont revenus sur les jours précédant le féminicide dont elle a été victime, le 8 septembre dernier à Poitiers. Ils pointent notamment du doigt un manque de réaction de la police malgré les plaintes.

La mère et le grand-frère d'Inès Mecellem, victime de féminicide le 8 septembre dernier à Poitiers, ont dénoncé le manque d'action de la police malgré les plaintes déposées par la victime, au micro de France inter.

La famille d'Inès Mecellem a porté plainte pour non-assistance à personne en danger. De son côté, le ministre démissionnaire de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé avoir saisi l'inspection générale de la justice afin de faire "toute la lumière" sur ce drame.

"Ils avaient suffisamment d'éléments en leur possession, ils n'ont pas pris les choses au sérieux. Ils ont minimisé l'individu comme ils l'ont fait à de nombreuses reprises. Je pense qu'il faut être plus à l'écoute des victimes. Je veux savoir pourquoi ils ne l'ont pas gardé quand ils l'avaient entre leurs mains, je veux des réponses", dénonce Angélique, mère de la victime.

Cinq plaintes déposées

Près de deux mois avant d'être tuée, Inès Mecellem avait déposé une première plainte, le 10 juillet. La jeune femme avait fait part de son intention de se séparer. Angélique, sa mère, rapporte que son conjoint ne voulait alors "pas partir de chez elle".

"Au bout d'un moment, il a quand même fini par partir. C'est à partir de ce moment-là qu'il a commencé à la harceler, d'abord sur les réseaux sociaux, par message. Il passait tous les jours dans sa rue", retrace-t-elle.

Dans sa déposition, la victime fait état de violences physiques et sexuelles subies. "Je n'étais pas au courant de tout ça", déplore sa mère, qui ajoute: "Elle avait honte, ne voulait pas m'en parler. Je suis tombée des nues, une vision d'horreur."

Angèlique regrette le manque de conséquences liées aux plaintes déposées par sa fille. "En allant porter plainte, elle pensait pouvoir être en sécurité par la suite, ça n'a pas du tout été le cas."

"On se pose beaucoup de questions"

Au total, cinq plaintes ont été déposées. "On se pose évidemment beaucoup de questions. On se demande pourquoi ils lui demandaient de rentrer chez elle", soulève son frère Yacine. "Une fois dans le commissariat je n'avais pas le droit d'entrer et à chaque fois qu'elle sortait elle était mal", abonde Angélique, qui décrit que "même en ville, elle avait peur de marcher toute seule".

Un téléphone grave-danger lui est finalement fourni. Une réponse jugée trop faible par la famille. "Franchement, d'un côté ils estiment qu'elle est suffisamment en danger pour lui donner le téléphone et d'un autre côté, ils ne font rien. Il y a quelque chose qui n'est pas logique."

Deux jours avant sa mort, son ancien conjoint est interpellé après l'avoir poursuivi. Il n'est pas placé en garde à vue malgré les différentes plaintes. Une décision "incompréhensible" pour Angélique, qui se dit "écœurée". "Il l'avait entre leurs mains, aujourd'hui il court dans la nature."

Le parquet a ouvert une enquête pour assassinat et l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie d'une enquête administrative. Le suspect est toujours en fuite.

En 2023, 96 femmes ont été victimes d'un féminicide conjugal en France, un chiffre en baisse de 19% par rapport à 2022, selon le dernier bilan du ministère de l'Intérieur publié fin novembre 2024.

3919: le numéro de téléphone pour les femmes victimes de violences

Le "3919", "Violence Femmes Info", est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). C'est gratuit et anonyme. Il propose une écoute, informe et oriente vers des dispositifs d'accompagnement et de prise en charge. Ce numéro est géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).

Arthus Vaillant