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Poitiers

Féminicide à Poitiers: les "défaillances" de la police pointées lors d'une marche blanche pour Inès Mecellem

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Deux jours avant son meurtre le 8 septembre, Inès Mecellem, 25 ans, avait utilisé le téléphone "grave danger" dont elle bénéficiait, expliquant être traquée par son ancien compagnon.

Clamant "justice pour Inès", environ un millier de personnes ont participé samedi à Poitiers à une marche blanche en hommage à cette jeune femme mortellement poignardée le 8 septembre par son ex-compagnon, pointant les "défaillances" des institutions censées la protéger.

"Ce n'est pas seulement un féminicide, c'est un échec de la police", avait écrit sur son t-shirt un père de famille. "La justice a laissé faire, l'État a du sang sur les mains", pouvait-on lire sur des pancartes.

Pendant près de deux heures, le cortège a arpenté les rues de la ville, s'arrêtant un long moment devant le commissariat de police où des membres de sa famille ont pris la parole.

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"Ma soeur a eu le courage de traverser à de nombreuses reprises la porte de ce commissariat. Elle y a déposé des plaintes pour violences physiques, psychologiques, pour viols. Elle a fait tout ce qu'elle pouvait pour alerter sur le danger qu'elle courrait. Et le constat est que la police et la justice nous ont trahis", a affirmé son frère, Yacine.

Une plainte déposée le 10 juillet

Le parquet a confirmé le dépôt d'une première plainte le 10 juillet, suivie de cinq "compléments de plainte" en deux mois.

Deux jours avant son meurtre le 8 septembre, Inès Mecellem, 25 ans, avait même utilisé le téléphone "grave danger" dont elle bénéficiait, expliquant être traquée par son ancien compagnon.

Des policiers avaient alors "interpellé l'individu sans qu'il soit placé en garde à vue", selon la procureure de la République à Poitiers, Rachel Bray. Une décision "incompréhensible" pour les participants à la marche blanche.

"Inès n'aurait jamais dû mourir. Ses appels à l'aide ont été ignorés. La police avait tous les éléments en main pour mesurer le danger qu'elle courait", s'indigne Camille Gonzalez, 38 ans.

Au micro, une proche de la famille abonde: "Inès n'est pas seulement un chiffre ou un fait divers. Inès n'est pas seulement la victime d'un homme mais d'un système défaillant".

Le parquet a ouvert une enquête pour assassinat et l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie d'une enquête administrative. Le suspect, un réfugié afghan, est toujours en fuite.

En 2023, 96 femmes ont été victimes d'un féminicide conjugal en France, un chiffre en baisse de 19% par rapport à 2022, selon le dernier bilan du ministère de l'Intérieur publié fin novembre 2024.

3919: le numéro de téléphone pour les femmes victimes de violences

Le "3919", "Violence Femmes Info", est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). C'est gratuit et anonyme. Il propose une écoute, informe et oriente vers des dispositifs d'accompagnement et de prise en charge. Ce numéro est géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).

Jo.B. avec AFP