BFMTV
Séries

"Les Disparues de la gare": le point sur l'enquête qui a inspiré la série de Disney+

La série "Les disparues de la gare", sur Disney+ le 8 octobre

La série "Les disparues de la gare", sur Disney+ le 8 octobre - The Walt Disney Company

Les six épisodes de la mini-série, disponible ce mercredi sur Disney+, se sont inspirés de l'histoire des quatre femmes disparues à Perpignan dans les années 90. Retour sur ce maccabre cold case.

En 1995, une adolescente, Tatiana Andújar, 17 ans, disparaît aux abords de la gare de Perpignan. En 1997 et en 1998, deux autres jeunes femmes d'une vingtaine d'années ou presque, Mokhtaria Chaïb et Marie-Hélène Gonzalez, sont retrouvées mortes, dénudées et disséquées dans le même quartier perpignanais. Leurs organes génitaux ont été mutilés. Puis en 2001, Fatima Idrahou, 23 ans, est kidnappée dans ce même secteur.

La police s'oriente d'abord vers la piste d'un tueur en série rôdant dans la ville, puis rétropédale, change son fusil d'épaule et se tourne vers celle de plusieurs meurtriers. C'est l'histoire tragique de ces quatre femmes au milieu dans les années 90 et de la traque du tueur qui ont inspiré la mini-série en six épisodes.

Produite par l'équipe de HPI ou Oussekine, Les Disparues de la gare est disponible ce mercredi sur Disney+. Au casting, on retrouve Camille Razat, vue dans Emily in Paris, Hugo Becker, Mélanie Doutey, Patrick Timsit, Kevin Azaïs ou encore Théo Cholbi.

Deux meurtriers différents

Cette enquête hors norme, s'étalant sur plusieurs décennies, avançant longtemps dans le flou, se trompant parfois d'aiguillage, a finalement progressé grâce aux avancées technologiques liées à l'ADN. À ce jour, trois meurtres ont été élucidés, impliquant deux assassins différents, et un autre, celui de Tatiana Andújar, reste non résolu. La jeune femme a été vue pour la dernière fois le 24 septembre 1995.

La famille de la disparue, dont la mère, Marie-José Garcia, est incarnée à l'écran par Mélanie Doutey, a d'ailleurs participé à l'écriture de la fiction. "Marie-José a collaboré à cette série parce qu'elle veut qu'on continue de parler de sa fille, assure la comédienne sur FranceInfo. L'enquête n'est pas résolue, donc c'est une façon de faire parler de cette histoire parce qu'elle attend encore des réponses. Elle vit quelque chose qu'on ne souhaite à personne. J'avais vraiment envie d'être à sa hauteur."

Le premier meurtre élucidé est le plus récent, celui de Fatima Idrahou. Quatorze jours après la disparition de cette caissière chez Darty, Marc Delpech, un tenancier de bar perpignanais, marié et père d'un enfant, est interpellé chez ses beaux-parents. Il finit par avouer le meurtre et avance une raison: la jeune femme n'a pas cédé à ses avances. Son corps est ensuite retrouvé à 500 mètres du domicile de Marc Delpech, près d'un étang.

En 2004, l'homme est condamné à trente ans de réclusion criminelle, dont vingt ans de peine de sûreté, pour enlèvement, viol et meurtre. Bien que certains éléments du dossier pouvaient laisser penser aux enquêteurs qu'il était aussi derrière les trois autres enlèvements (des coupures de presse sur ces faits divers ont été découverts chez lui, les prémisses d'un roman policier qu'il a écrit et intitulé Tatiana, relatant notamment sa disparition, ont été retrouvées sur son ordinateur...), il n'a pas été poursuivi pour ces crimes. Dix-huit ans plus tard, en 2022, sa peine purgée, il sort de prison.

Progrès technologiques

L'enquête piétine ensuite. Ce n'est qu'en 2014 que le meurtrier de Mokhtaria Chaïb est identifié. Il s'agit de Jacques Rançon, 54 ans, cariste-magasinier et père de quatre rejetons. À l'époque, il a déjà été condamné plusieurs fois pour agressions sexuelles, violences et menaces de mort à l'encontre de la mère de ses deux derniers enfants. Il a même écopé de huit ans de prison ferme pour viol. Après quarante-huit heures de garde à vue, il avoue le meurtre de Mokhtaria Chaïb.

Tatiana Andujar : la disparue de la gare - 05/10
Tatiana Andujar : la disparue de la gare - 05/10
17:48

Un an plus tard, grâce aux progrès technologiques liés à l'ADN - dont la technique est désormais applicable sur des pièces à conviction pauvres en cellules -, Jacques Rançon devient le principal suspect dans la mort de Marie-Hélène Gonzalez. L'homme nie d'abord, avoue ensuite la tentative d'assassinat sur une autre jeune femme, en 1998, puis admet le meurtre de la vingtenaire volatilisée en 1998. En 2018, il est alors condamné à la réclusion à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans.

L'enquête se poursuit donc aujourd'hui pour retrouver la trace de Tatiana Andújar. En septembre dernier, le pôle cold case du parquet de Nanterre a d'ailleurs lancé un nouvel appel à témoins.

Estelle Aubin