C'est quoi "The Studio", la série comique la plus récompensée des Emmy Awards?

Hollywood aime se regarder le nombril, et ce n'est pas nouveau. Mais, parfois, c'est à juste titre. Dans la nuit de dimanche à lundi, les 77e Emmy Awards ont sacré à treize reprises la série The Studio, créée par Seth Rogen et Evan Goldberg. Soit le plus grand nombre de trophées jamais remportés par une première saison dans la catégorie "comédie".
Cette satire sur Hollywood, sortie en mars 2025 sur Apple TV+, a notamment remporté le trophée de la meilleure comédie, du meilleur scénario et de la meilleure réalisation. Seth Rogen a quant à lui été élu meilleur acteur. "C'est incroyable. Je n'arrivais tellement pas à croire que cela puisse arriver que je n'ai littéralement rien préparé", a-t-il réagi, en expliquant qu'il n'avait "jamais rien gagné".
Nombreux caméos
Cette première saison, composée de dix épisodes d'une trentaine de minutes, pose ses valises dans un grand studio hollywoodien et raconte, ou se moque, du quotidien des quatre joyeux lurons qui pilotent le navire. Matt Remick (Seth Rogen, le cocréateur, coscénariste coréalisateur et coproducteur de la fiction, donc), souvent gaffeur, toujours lâche, est le producteur amateur de films intellos, tout juste promu à la tête d'une firme qui n'a que le mot "rentabilité" à la bouche.
Seth Rogen n'épargne à son personnage aucune humiliation, aucune veulerie, et il est rare qu'il ressorte grandi des confrontations avec les autres personnages. À ses côtés, Sal Sapertein (Ike Barinholtz), le producteur cynique et sans filtre, Maya Mason (Kathryn Hahn), la cheffe marketing délurée, et Quinn Hackett (Chase Sui Wonders), la voix peut-être de la raison. Il y a aussi Patty (Catherine O'Hara), la productrice évincée en un claquement de doigts de la direction du studio. Sans oublier Bryan Cranston, génial en patron du studio cynique.
Leur but (entre autres)? Développer un projet à la gloire de la mascotte de la marque Kool-Aid, dans la veine du phénomène Barbie.
Tout au long des épisodes, l'idéaliste Matt, un poil snob, devra ranger son goût pour le cinéma indé au placard pour miser sur les grosses franchises et les blockbusters juteux, tout en composant avec les désidératas de ses acteurs, mais aussi des réalisateurs.
Car, autour de ces quatre personnages, trouvaille qui suffirait à elle seule à justifier un binge-watching compulsif, une trentaine d'invités de prestige, comme monsieur Martin Scorsese, Zac Efron, Charlize Theron, Paul Dano, Steve Buscemi, Ron Howard, Olivia Wilde, ou Zoë Kravitz, jouent leur propre rôle, un peu à la manière de Dix pour cent, avec un soupçon d'ironie et beaucoup d'autodérision.
Satire hilarante
Outre les caméos de luxe, la force de la série tient à son humour féroce, ses répliques cinglantes qui visent juste et son rythme effréné, marqué par des plans-séquences ébouriffants. À son sujet aussi: les coulisses de l'industrie cinématographique. Qui n'a jamais eu envie d'observer de l'intérieur le mécanisme de fabrication d'un film, de ses transactions marchandes les plus opportunistes à ses petites (et grandes) fulgurances créatives?
On foule donc les plateaux de tournage, les soirées cokées, les cérémonies de gala, les réunions marketing lugubres, les bureaux où l'on tergiverse des heures sur le choix du casting. On y observe les âpres négociations avec un réalisateur, on y débat de Barbie ou d'un plan-séquence. De la couleur de peau de tel ou tel acteur ou de la cote de popularité de tel ou tel réalisateur.
Côté formel, The Studio se décline en scénettes, façon Dix pour cent ou The Office, où chaque nouvel épisode déploie une nouvelle intrigue, de nouveaux gags, et toujours cette même manière, très drôle, de caricaturer le Hollywood superpuissant. Ou supernavrant.