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La Hongrie interdit d'entrée le groupe Kneecap, accusé d'antisémitisme

Liam O'Hanna, de son nom de scène Mo Chara, membre du groupe Kneecap, au festival Glastonbury, au Royaume-Uni, le 28 juin 2025

Liam O'Hanna, de son nom de scène Mo Chara, membre du groupe Kneecap, au festival Glastonbury, au Royaume-Uni, le 28 juin 2025 - Oli SCARFF / AFP

Le gouvernement hongrois, très proche allié d'Israël, a interdit ce 24 juillet l'entrée du groupe originaire de Belfast, engagé pour la cause palestinienne, sur son territoire.

Une décision inédite et controversée. "Kneecap est officiellement interdit d'entrée en Hongrie pour antisémitisme et apologie du terrorisme", a annoncé sur X le porte-parole de l'exécutif hongrois Zoltan Kovacs, relayé par l'AFP. La mesure s'applique à chacun des trois membres du groupe nord-irlandais de hip-hop pour une durée de trois ans.

"Leur donner une tribune normalise la haine et la terreur, et met en péril les valeurs démocratiques", estime-t-il, évoquant "le devoir de protéger" l'importante communauté juive du pays d'Europe centrale.

Kneecap, groupe punk gaélique originaire de Belfast qui rappe en anglais et en irlandais, revendique haut et fort son engagement en faveur de la cause palestinienne. Leurs propos anti-israéliens, fin juin, sur la scène du célèbre festival de Glastonbury au Royaume-Uni avaient soulevé la polémique.

"Diversion politique"

Si le trio nie tout soutien au Hezbollah, son membre Liam O'Hanna, dit Mo Chara, est poursuivi pour "infraction terroriste" après avoir arboré un drapeau du mouvement islamiste libanais pendant un concert à Londres en 2024. Il doit comparaître le 20 août dans la capitale britannique.

Derrière cette "scandaleuse" action "sans fondement juridique" du "gouvernement autoritaire de Viktor Orban", "il est clair qu'il s'agit d'une diversion politique et d'une nouvelle tentative pour faire taire ceux qui dénoncent le génocide contre le peuple palestinien", a réagi Kneecap sur les réseaux sociaux.

"Sans précédent"

De nombreuses voix s'étaient élevées en Hongrie à l'approche de leur concert prévu le 11 août 2025 au festival Sziget de Budapest, qui réunit chaque année des centaines de milliers de visiteurs.

"Les discours haineux n'ont pas leur place parmi nous. Nous trouvons cela inacceptable", souligne une pétition signée par près de 300 artistes, rappelant qu'une douzaine de festivals ont refusé d'accueillir Kneecap, notamment en Allemagne ou en Écosse.


Le groupe nord-irlandais s'est en revanche produit début juillet en France, aux Eurockéennes de Belfort, et est attendu à Rock en Seine le 24 août, ce qui a néanmoins valu au festival de perdre la subvention de la ville de Saint-Cloud de 40.000 euros.

Si Israël a salué, par la voix de son ambassadrice Maya Kadosh, "la clarté de la position hongroise", le festival Sziget a regretté cette "décision sans précédent", de nature à "nuire à l'image de la Hongrie à l'étranger". "Nous condamnons les discours de haine", mais "nous pensons que la cancel culture ("culture de l'effacement ou de l'annulation") et les boycotts culturels ne sont pas la solution", ont ajouté les organisateurs.

Depuis plusieurs mois, le Premier ministre nationaliste Viktor Orban a interdit tout rassemblement pro-palestinien et affiche un soutien inconditionnel à son homologue israélien Benjamin Netanyahu, convié en avril à Budapest malgré le mandat d'arrêt émis à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans la bande de Gaza.

E.A. avec AFP