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"Je suis un homme libre": un rappeur du groupe Kneecap, poursuivi pour avoir porté un drapeau du Hezbollah, réplique au festival Glastonbury

Liam O'Hanna, de son nom de scène Mo Chara, membre du groupe Kneecap, au festival Glastonbury, au Royaume-Uni, le 28 juin 2025

Liam O'Hanna, de son nom de scène Mo Chara, membre du groupe Kneecap, au festival Glastonbury, au Royaume-Uni, le 28 juin 2025 - Oli SCARFF / AFP

Le trio de rappeurs nord-irlandais du groupe Kneecap s'est produit samedi 28 juin au festival Glastonbury. Pendant leur prestation, l'un des membres a revendiqué sa "liberté", alors qu'il fait l'objet de poursuites judiciaires après avoir été accusé d'avoir arboré en concert un drapeau du Hezbollah. Le festival a pris ses distances avec ses déclarations.

Une réponse en plein concert. Le trio de rappeurs nord-irlandais du groupe Kneecap, dont l'un des membres fait l'objet de poursuites judiciaires après avoir été accusé d'avoir arboré en concert un drapeau du Hezbollah, a répondu aux accusations dont ils font l'objet sur scène, lors du festival britannique de Glastonbury.

"Glastonbury, je suis un homme libre", a ainsi lancé Liam O'Hanna, de son nom de scène Mo Chara.

La semaine passée, le Premier ministre britannique travailliste Keir Starmer avait estimé qu'il n'était pas "approprié" que le groupe se produise au festival.

Le rappeur est accusé de s'être couvert d'un drapeau du mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah, classé terroriste au Royaume-Uni, pendant un concert à Londres le 21 novembre 2024. Il lui est également reproché d'avoir crié "Allez le Hamas! Allez le Hezbollah!"

Inculpé pour "infraction terroriste"

Inculpé en mai, il a comparu le 18 juin à Londres pour "infraction terroriste". Le groupe a nié tout soutien au Hezbollah, dénonçant une décision "politique".

"Cette situation peut être assez stressante, mais elle est minime par rapport à ce que vit le peuple palestinien", a lancé le rappeur, portant son keffieh emblématique et des lunettes de soleil noires, à des milliers de fans enthousiastes, dont beaucoup brandissaient des drapeaux palestiniens.

Liam O'Hanna a également salué le groupe Palestine Action, quelques jours après que la ministre britannique de l'Intérieur Yvette Cooper a annoncé qu'il allait être interdit en vertu de la loi antiterroriste. Des militants de ce groupe avaient auparavant maculé de peinture rouge des avions d'une base de la Royal Air Force.

Avant que Kneecap ne monte sur scène, le duo de rap punk Bob Vylan a par ailleurs appelé la foule à scander "Mort, mort aux IDF", en référence aux forces de défense israéliennes. Une fois sur scène, Kneecap a appelé les festivaliers à scander des insultes visant Keir Starmer.

Condamnation du gouvernement britannique

Après ces déclarations, la police britannique a indiqué que les propos tenus par le groupe Kneecap et le duo Bob Vylan faisaient l'objet d'investigations. "Les preuves vidéo seront évaluées par nos agents afin de déterminer si des infractions ont été commises et si elles nécessitent une enquête criminelle", ont précisé les forces de l'ordre sur X.

Le gouvernement britannique a dit "condamner fermement" les propos tenus par le duo Bob Vylan. L'ambassade israélienne au Royaume-Uni s'est par ailleurs dite "profondément troublée par la rhétorique incendiaire et haineuse exprimée sur la scène du festival de Glastonbury", dans un message publié sur le réseau social X.

"La liberté d'expression est une pierre angulaire de la démocratie. Mais lorsque des propos incitent à la haine et à l'épuration ethnique, ils doivent être dénoncés, surtout lorsqu'ils sont amplifiés par des personnalités publiques sur des tribunes de premier plan", estime l'ambassade.

"Nous appelons les organisateurs du festival de Glastonbury, les artistes et les responsables publics du Royaume-Uni à dénoncer cette rhétorique et à rejeter toute forme de haine", dit-elle.

"Aucun discours haineux" toléré par les organisateurs

Le festival a également réagi, assurant "ne tolérer aucun discours haineux, ni aucune incitation à la violence de la part de ses artistes".

Un porte-parole de la BBC, chaîne britannique qui retransmettait le concert, a déclaré que certains commentaires faits par des artistes sur scène étaient "profondément offensants".

Il a précisé qu'un message d'avertissement avait été diffusé sur l'écran pendant la performance mettant en garde les téléspectateurs que des propos "discriminatoires" étaient tenus. Le programme n'est par ailleurs pas accessible en replay.

La secrétaire à la Culture, Lisa Nandy, a demandé à la BBC une "explication urgente sur la diligence raisonnable" dont a fait preuve la chaîne avant de diffuser le concert.

Déprogrammé de plusieurs festivals

Depuis que Liam O'Hanna a été inculpé, le groupe a été retiré de la programmation d'une série de concerts estivaux, notamment en Écosse et en Allemagne.

Mais les organisateurs du célèbre festival de Glastonbury ont maintenu leur présence: "Les personnes qui n'aiment pas la politique de l'événement peuvent aller ailleurs", a déclaré Michael Eavis, cofondateur du festival du Somerset (sud-ouest), dans un article publié dans un journal gratuit destiné aux festivaliers.

La BBC, partenaire du festival depuis 1997, avait de son côté subi des pressions pour ne pas diffuser le concert. Dans une déclaration samedi, un porte-parole avait indiqué que la performance ne serait pas diffusée en direct, mais qu'elle serait probablement disponible à la demande par la suite, avant de revenir sur cette décision.

Juliette Desmonceaux avec AFP