"L'Eurovision, c'est une grosse colonie de vacances": Alvan & Ahez racontent les coulisses du concours

Les quatre artistes ont accordé une interview à BFMTV. Ils y évoquent le concours qui approche, leurs racines bretonnes et leur découverte du microcosme de l'Eurovision.

Dans un mois pile, ils seront à Turin pour représenter la France à l'Eurovision 2022. Les quatre artistes d'Alvan & Ahez, inconnus du grand public il y a encore quelques semaines, parcourent l'Europe pour rencontrer les fans du concours et défendre leur titre, Fulenn, chanté en langue bretonne. "On travaille pas mal", admettent-ils en riant, dans un entretien accordé à BFMTV, en marge d'une conférence de presse de France Télévisions. "Mais on est vraiment dans l'euphorie de cette agitation et du concours, on est très content d'être là."

Alvan & Ahez, c'est l'association de deux entités: le musicien électro-rock rennais Alvan, et le trio de chanteuses bretonnes Ahez, composé de Sterenn Diridollou, Sterenn Le Guillou et Marine Lavigne. Cette collaboration est née d'une rencontre opportune l'été dernier, dans un bar de Rennes, entre Alvan et Marine:

"Je voulais faire une musique avec des chants ethniques de chez nous", raconte Alvan. Lorsqu'il rencontre Marine, il sort de plusieurs essais infructueux: "Elle m'a dit qu'elle chantait en breton, et je me suis dit 'quelle coïncidence!'. Je leur ai fait écouter ce que j'avais fait, elles ont aimé le morceau et c'était parti. Marine a écrit les paroles en deux jours. On a eu une espèce de poussée d'inspiration."

Leur "langue de cœur"

Le breton, c'est "la langue de cœur" d'Ahez, qu'elles parlent depuis toutes petites grâce à leur scolarisation dans des écoles spécialisées: "C'est la langue de nos grands-parents", explique Marine. "Ils ont eu honte de la parler, elle a été interdite. Pouvoir la porter sur la scène de l'Eurovision, c'est une véritable fierté pour nous."

"On veut aussi montrer qu'elle est parlée par la nouvelle génération, et qu'on peut créer dans cette langue, on peut tout dire", poursuit-elle. "Elle se prête à tout genre musical, et notamment l'électro-rock hybride d'Alvan."

Pour preuve, ils ont repris en breton la chanson qui a offert à Barbara Pravi une deuxième place au concours l'année dernière, Voilà.

L'Eurovision, un monde à part

Et pour promouvoir une langue régionale, rien de tel qu'un spectacle regardé chaque année par 200 millions de personnes à travers le monde. Depuis leur qualification pour représenter la France, en mars dernier dans le télé-crochet Eurovision France, c'est vous qui décidez, Alvan & Ahez découvrent ce microcosme, ses fans ultra-investis et sa communauté internationale. Notamment en participant au "pre-parties", des événements organisés chaque année par plusieurs pays participants pour regrouper les candidats dans un concert commun:

"C'est un peu un métavers", plaisante Sterenn Le Guillou. "C'est incroyable de voir toutes les fusions autour de ce concours. L'Eurovision, c'est vraiment une famille. On le découvre notamment à travers les pre-parties qu'on a pu faire à Londres, à Tel Aviv et à Amsterdam. Rencontrer les autres candidats, pouvoir échanger avec eux... on se rend compte qu'on n'est pas dans une dynamique de concours. C'est vraiment une grosse colonie de vacances. On prend le bus tous ensemble pour aller de l'hôtel à la salle de concert, et l'ambiance est vraiment très enfantine."

Petit couac à Tel Aviv

Ces concerts leur servent aussi de répétitions... qui ne se passent pas toujours comme ils voudraient. Notamment lors de leur passage par Tel Aviv, lorsque le banjo d'Alvan n'a pas été amené sur la scène et que le chanteur a dû improviser une danse pour meubler:

"On avait eu un soundcheck de quatre minutes", se souvient-il. "On n'avait pas de moyen de s'écouter, mais il fallait faire la balance quand même (...) Mais les organisateurs ont beaucoup de travail, on ne peut que les comprendre. C'est très formateur."

Ceux qui succéderont à Barbara Pravi, arrivée deuxième l'année dernière avec Voilà, s'engagent dans le concours lors d'une année particulière. Car l'édition 2022 de l'Eurovision est déjà marquée par la guerre en Ukraine.

La Russie a été exclue de la compétition et les candidats ukrainiens, Kalush Orchestra, sont pressentis grands gagnants par les bookmakers. "On adore leur chanson, déclare Alvan. "On est dans un concours de chant, évidemment qu'on a un avis mais on le garde pour nous. On fait du divertissement."

Philippe Dufreigne, avec Benjamin Pierret