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César 2025: "Emilia Pérez", "L'Amour ouf", "Monte-Cristo"... Les films nommés et les favoris, ce qu'il faut attendre de la cérémonie

Les affiches de la cérémonie des César 2025

Les affiches de la cérémonie des César 2025 - Académie des César

Après des années de polémique, la cérémonie fait peau neuve pour ses 50 ans. Une soirée qui pourrait être marquée par le sacre de Jacques Audiard, en passe de devenir la personne la plus primée de l'histoire des César.

Les César fêtent ce vendredi 28 février leurs 50 ans avec une cérémonie présidée par Catherine Deneuve et animée par une troupe réunissant notamment Jean-Pascal Zadi et Raphaël Quenard. Avec des favoris comme Le Comte de Monte-Cristo et L'Amour ouf, deux succès populaires, les César pourraient aussi remonter leur cote de popularité après des audiences en berne depuis une décennie.

"Ces César ont une saveur particulière. Ce n'est pas une année comme les autres", confirme auprès de BFMTV Thierry Lacaze, auteur de 50 ans de cérémonie des César (EPA). "C'est également un anniversaire important: 50 ans, c'est une vraie durée d'existence! Surtout, c'est une cérémonie qui a été réformée avec le temps et qui prend enfin la plénitude du temps dans lequel elle existe aujourd'hui."

Signaux positifs

Après des éditions secouées par des polémiques, comme la victoire de Roman Polanski en 2019 ou la remise en cause de l'Académie jugée trop opaque, la présidence de Catherine Deneuve se veut rassurante. "Depuis quelques années, elle ne voulait plus s'y rendre, contestant à la fois la manière dont les gens votaient et l'Académie en elle-même", rappelle le spécialiste. L'Académie est désormais paritaire, et des corps de métier longtemps invisibilisés, comme les effets visuels, sont enfin représentés.

Autre signal positif: le César d'honneur décerné à Costa-Gavras. Depuis près de vingt ans, ce prix a été attribué à des stars hollywoodiennes (à l'exception du Splendid, Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui), laissant sur le carreau des légendes du cinéma français longtemps snobées par les César. Michel Piccoli, pourtant considéré comme l'un des plus grands acteurs français, n'a ainsi jamais été primé aux César malgré quatre nominations. Et il aurait mérité un César d'honneur.

Saluer cette année Costa-Gavras est ainsi "une manière à la fois de récompenser une longévité d'une carrière et de se rattraper", constate Thierry Lacaze. Car le mythique réalisateur de Z, L'Aveu et Missing, âgé de 90 ans, n'a reçu en 50 ans de César que le prix du meilleur scénario pour Amen en 2003. Un comble pour ce pionnier du cinéma politique dont les films ont marqué plusieurs générations à travers le monde.

Stars populaires au rendez-vous

La présence, côté présentation, d'une brochette de personnalités dont Jean-Pascal Zadi (Tout simplement noir), confirme également cette volonté de renouveau. "La présentation collégiale est le très bon équilibre qu'ont trouvé l'Académie et Canal en 2024", précise Thierry Lacaze. Zadi sera accompagné sur scène par Emmanuelle Béart, Cécile de France, Pio Marmaï, Raphaël Quenard ou encore Justine Triet.

"Ça dynamise vraiment la cérémonie", poursuit le spécialiste. "On est passé d'un maître de cérémonie qui appelait des remettants, puis qui annonçaient le gagnant, à des gens qui sont là à la fois pour animer la soirée et pour remettre les prix. La cérémonie demeure encore un peu longue mais ça dynamise la soirée en offrant une harmonie plus forte. Et ça évite la dimension répétitive des remettants."

La présence de stars populaires nommées dans les différentes catégories, de Tahar Rahim, Pierre Niney et François Civil à Alain Chabat et Adèle Exarchopoulos, devrait attirer un public plus jeune que les années précédentes. De plus, l'influenceuse Lena Situations, connue et appréciée du jeune public, animera le tapis rouge cette année. Une façon de lutter contre l'érosion de l'audience. L'an dernier, seul 1,86 million de spectateurs avaient suivi la soirée, contre 3,9 millions en 2012.

"Le reflet d'une année de cinéma"

Avec 14 nominations, Le Comte de Monte-Cristo part favori, après avoir attiré en salle 9,4 millions de spectateurs. Il est en concurrence avec L'Amour ouf de Gilles Lellouche (4,9 millions d'entrées). Le sacre d'un de ces films, ou de la comédie En Fanfare avec Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin (2,5 millions), permettra-t-il de changer l'image de l'Académie des César, parfois jugée déconnectée des goûts du public?

"Ce n'est pas un enjeu car je pense que c'est faux", modère Thierry Lacaze. "C'est un leitmotiv qui revient depuis très longtemps. Mais on oublie que l'Académie a récompensé dès ses premières années des films et des comédiens très populaires. Michel Serrault a gagné le César du meilleur acteur pour La Cage aux folles, un film qui a fait plus de 5 millions d'entrées."

Claude Zidi recevant le César du meilleur réalisateur pour "Les Ripoux" en 1985
Claude Zidi recevant le César du meilleur réalisateur pour "Les Ripoux" en 1985 © Pierre VERDY, Jean-Loup GAUTREAU / AFP

Et d'ajouter: "En 1985, Les Ripoux, qui a fait 7 millions d'entrées, a eu le César du meilleur film. Taxi a remporté 2 César en 1999. Sans oublier Cyrano de Bergerac, Amélie Poulain, Intouchables... Quelles que soient les décennies, il y a toujours des films extrêmement grand public nommés, voire lauréats. Les César ont toujours été un condensé de succès critiques et publics. C'est le reflet d'une année de cinéma."

"La richesse du cinéma français"

Mais cette règle n'est pas immuable. Certains films d'auteurs, à l'audience a priori plus confidentielle, comme Miséricorde d'Alain Guiraudie ou L'Histoire de Souleymane de Boris Lojkine, sur l'odyssée parisienne d'un livreur sans-papiers, pourraient créer cette année la surprise. Car "les César, c'est à la fois le mélange des genres, et le mélange des générations", s'enthousiasme Thierry Lacaze.

"C'est aussi le reflet de la richesse du cinéma français", renchérit-il en rappelant que des œuvres exigeantes comme L'Esquive ou Lady Chatterley ont su séduire l'Académie. "Ce qui fait le sel du cinéma français, c'est à la fois de produire des films hyper ambitieux à très grand spectacle et des films plus exigeants qui réussissent de par la manière dont ils sont produits et distribués à aller au-delà de leur cible de base."

L'enjeu principal de la soirée reste le César du meilleur film. Tout laisse présager une nouvelle victoire de Jacques Audiard. Sa comédie musicale Emilia Pérez, sur la transition de genre d'un narcotrafiquant mexicain, est nommée dans 12 catégories. Le réalisateur français pourrait devenir l'artiste le plus récompensé aux César s'il remporte ce soir celui du meilleur film, du meilleur réalisateur et ou du meilleur scénario original.

"Il n'aura pas le record du nombre du César du meilleur metteur en scène puisque c'est Roman Polanski qui en a reçu 5", précise toutefois Thierry Lacaze. "Si Jacques Audiard l'emporte, il en sera à son quatrième." Un triomphe annoncé qui est "révélateur de la place de Jacques Audiard dans le cinéma français". "Emilia Pérez est le film qui a le plus marqué à l'international. J'espère que l'Académie lui rendra aussi cet hommage."

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV