Cannes 2021: "Titane" de Julia Ducournau remporte la Palme d’or, découvrez le palmarès complet

"Titane" de Julia Ducournau - Diaphana
Ils étaient 24 films en compétition pour la Palme d’or de ce 74e Festival de Cannes. C’est finalement Titane, de la réalisatrice française Julia Ducournau, qui a convaincu le jury présidé par Spike Lee. La cinéaste de l'extrême, dont l'oeuvre est parcourue d'images à sensations fortes, s'est avancée très émue sur la scène pour récupérer son prix. Entourée de Vincent Lindon et Agathe Rouselle, ses deux acteurs principaux, elle a remercié le jury de "laisser entrer les monstres" et de participer à rendre le cinéma "plus inclusif". Cette cinéaste de 37 ans, benjamine de cette compétition, succède ainsi à Bong Joon-ho et son Parasite, Palme d'or de la précédente édition.
Jusqu'à la cérémonie de clôture, rien n'était joué: de nombreux films ont attiré l'attention de la presse lors des dix jours du festival, si bien qu'aucun grand gagnant ne s'était détaché. Et si le suspense a rapidement été anéanti par une bourde de Spike Lee (ayant mal compris une question de la maîtresse de cérémonie Doria Tillier, le cinéaste a dévoilé le nom du vainqueur en début de cérémonie), tout restait possible pour le reste du palmarès. Retrouvez la liste complète des vainqueurs de ce 74è Festival de Cannes.
Mention spéciale du court-métrage: Le ciel du mois d'août, de Jasmin Tenucci
Palme d'or du court-métrage: Tous les corbeaux du monde, de Tang Yi
Caméra d'or: Murina, de Antoneta Alamat Kusijanović
Palme d'or d'honneur: Marco Bellochio
Prix d'interprétation masculine: Caleb Landry Jones pour Nitram, de Justin Kurzel
Prix du jury: Nadav Lapid pour Le Genou d'Ahed et Apichatpong Weerasethakul pour Memoria, ex-aequo
Prix d'interprétation féminine: Renate Reinsve, dans Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier
Prix du scénario: Ryusuke Amaguchi et Oe Takamasa, pour Drive My Car
Prix de la mise en scène: Leos Carax pour Annette
Grand prix: Asghar Farhadi pour Un héros et Juho Kuosmanen for Compartiment numéro 6, ex-aequo
Palme d'or: Julia Ducournau, pour Titane
Place aux jeunes
Ce palmarès était tourné vers la jeune génération. Outre la récompense suprême attribuée à julia Ducournau, les prix d'interprétation vont également à deux trentenaires. Côté féminin, c'est la Norvégienne Renate Reinsve, 33 ans, qui l'emporte pour sa performance dans Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier, dans lequel elle incarne une jeune femme en quête d'elle-même.
Le désir, la fidélité, la maternité, la relation aux parents, les différences générationnelles... toutes les questions qui agitent Julie sont explorées dans de film, à l'aune des grands sujets contemporains : place des femmes dans la société, écologie, invasion numérique.
Côté masculin, le jury a couronné un Américain, Caleb Landry Jones, 31 ans pour sa performance dans Nitram, où il incarne un jeune homme borderline qui s'apprête à commettre l'une des pires tueries de l'histoire de l'Australie. Le film offre une plongée dans la tête du tueur, qu'il incarne magistralement: Martin Bryant, condamné à la perpétuité.
Ce palmarès donne un coup de vieux aux autres prétendants à la Palme d'or, pour certains derrière la caméra depuis les années 1970 comme Paul Verhoeven, dont le film Benedetta, annoncé comme une oeuvre choc sur une nonne lesbienne au Moyen-Âge, a finalement déçu, ou Nanni Moretti, en quête d'une deuxième Palme d'or avec Tre Pianni mais reparti bredouille.
Un cru dans l'air du temps
Plus largement, à l'image d'une industrie travaillée par les évolutions sociétales, les films cannois, dans la compétition et au-delà, ont fait souffler un vent frais : le féminisme est omniprésent, des réalisateurs s'en sont emparé, et les relations lesbiennes par exemple ont désormais toute leur place.
Le climat aussi a occupé une place plus importante que jamais, avec une sélection spéciale de films sur l'environnement, allant au-delà du manifeste. Le sujet reste une grosse question pour le festival, qui a encore du chemin à faire pour continuer de réduire son empreinte écologique.
La soirée a aussi été l'occasion de remettre une Palme d'or d'honneur au cinéaste italien Marco Bellocchio, qui après cinq décennies de carrière engagée, n'épargnant ni l'armée ni la religion, qui a présenté un documentaire très personnel, "Marx peut attendre".
Edition sous Covid
Le jury, composé de Mélanie Laurent, Tahar Rahim, Mylène Farmer, la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop, Maggie Gyllenhaal ou encore l'acteur sud-coréen Song Kang-ho s'était regroupé ce samedi matin dans une villa cannoise autour de leur président pour délibérer. Le point final d'une édition symbolisant le retour à la normale, après une année blanche en raison de la pandémie. Mais ce cru 2021 a malgré tout dû composer avec le Covid-19.
Outre le pass sanitaire obligatoire pour les festivaliers, les tentes msies en place sur la Croisette pour effectuer des tests PCR et le décalage des dates (l'événement a hbaituellement lieu au printemps), Thierry Frémaux et Pierre Lescure se sont fendu d'une mise au point sur le port du masque. Après la diffusion sur les réseaux sociaux de photos montrant certains spectateurs ne les portant pas lors de projections, le délégué général du festival et le président ont tous les deux pris la parole pour rappeler la nécessité des mesures sanitaires.