Anthony Daniels: "Dans Star Wars IX, C-3PO fait quelque chose d'un peu différent"

Anthony Daniels alias C-3PO - Capture d'écran
Il est la mémoire vivante de Star Wars, l’unique acteur à être apparu dans les neuf volets de la saga. À 73 ans, Anthony Daniels, qui se glisse dans la cuirasse de l’inoubliable C-3PO depuis 1977, a enfin décroché un rôle important dans L’Ascension de Skywalker, au cinéma le 18 décembre.
Pour ce qui devrait être sa dernière apparition à l’écran, le célèbre robot arbore d’inquiétants yeux rouges. A-t-il basculé du côté obscur de la Force? Celui qui fut créé par Anakin, avant qu'il ne devienne Dark Vador, révélera-t-il enfin sa véritable nature dans L’Ascension de Skywalker? Réponse dans un peu plus d’une semaine, tant le scénario du nouveau Star Wars est pour l’instant le secret le mieux gardé sur Terre. "Tout le monde veut savoir pourquoi C3PO a des yeux rouges dans L'Ascension de Skywalker!", s’amuse le comédien britannique, qui a publié début novembre son autobiographie, I Am C-3PO: The Inside Story.
"C'est un changement extraordinaire en C3PO, ces yeux", ajoute-il. "Quand ils m'ont tendu un miroir, j'ai eu une forte réaction, je me suis dit que j'avais l'air étrange. Vous allez devoir attendre Noël pour découvrir de quoi il retourne. Normalement, C3PO à cette apparence dorée, ces yeux jaunes, dorés. Et, soudain, ils sont rouges. C'est un exemple de son implication dans l'histoire avec Rey, Poe, Finn… Il fait vraiment partie de l'équipe dans ces aventures. Il a toujours peur, évidemment, mais là il fait quelque chose d'un peu différent", raconte l’acteur d’un air mystérieux.
"George Lucas a du mal à accepter d'autres idées"
Sur le tournage de L’Ascension de Skywalker, Anthony Daniels, a pu retrouver J.J. Abrams, le réalisateur du Réveil de la force, premier volet de la nouvelle trilogie sorti en décembre 2015. Il ne tarit pas d’éloges sur le jeune réalisateur, qui selon lui a relancé la saga: "Il avait dix ans quand il a vu le premier film. Il avait toujours cette excitation de petit garçon sur le plateau. Tous les jours, il a une énergie incroyable. Il est formidable." L’équipe du film est tout autant célébrée: "Il y a des centaines de gens dans l'équipe et ils ont tous grandi avec Star Wars. Ils travaillent tous sur des blockbusters, mais celui auquel ils préfèrent participer est Star Wars, parce que c'est leur enfance."
Si Anthony Daniels est intarissable sur les nouveaux épisodes, il conserve un souvenir un peu plus amer de son expérience avec George Lucas. Il lui est reconnaissant de la chance qu'il lui a donné, mais déplore la personnalité du mythique réalisateur. L’acteur a souvent fait état dans la presse anglo-saxonne de ses doutes envers George Lucas. "Il a pris des décisions qu’il aurait dû évoquer avec d’autres, je pense", a-t-il ainsi estimé dans le Guardian en 2015, avant d’ajouter: "J.J. collabore davantage. C’est quelqu’un qui aime écouter."
Quatre ans après, Anthony Daniels n’a pas changé d’avis: "George Lucas est un génie qui a offert au monde cet extraordinaire mythe. Il a imaginé quelque chose de nouveau en s'inspirant de vieux textes. Mais, en tant que personne, il est dans son monde, il pense tellement… Parfois il a du mal à expliquer, à partager, à accepter d'autres idées. Il a malgré tout fait des films remarquables, mais le temps passe, les choses changent, et lorsqu’il y a quelqu'un comme J.J. qui arrive avec une nouvelle énergie, qui s'inspire de George, cela donne un meilleur résultat je trouve."

"George Lucas voulait changer la voix de C-3PO"
Pour comprendre cette mésentente entre les deux hommes, il faut remonter aux origines de la saga dans les années 1970. En 1975, pour être exact, lorsqu’il rencontre pour la première fois, à Londres, George Lucas. "Il voulait me rencontrer parce que j'étais assez bon en mime", se souvient-il. "Il avait besoin d'un acteur capable de faire bouger d'une manière très expressive le costume de C-3PO. Comme son visage ne bouge pas, je devais trouver des solutions.” Anthony Daniels a d’abord refusé le rôle. "J'étais un acteur sérieux!", rigole-t-il aujourd’hui.
Après quelques tergiversations, il accepte finalement le rôle: "On a fait un moule de mon corps et six mois plus tard je suis dans le désert! C’était horrible. Pas seulement pour moi, mais pour les autres acteurs aussi. Mark Hamill avec des habits soyeux et confortables et il pouvait se reposer tranquillement. Moi, j'étais là dès le premier jour, toute la journée, [sous le cagnard]. Le deuxième jour, j'ai pu l'enlever pour aller manger."
Lorsque Star Wars sort dans les salles américaines le 25 mai 1977, il bat tous les records au box-office. Mais pour Anthony Daniels ce succès à un goût amer: "C'était difficile pour moi quand le premier film est sorti. George Lucas ne voulait pas dire que C-3PO était un homme dans un costume. Il voulait que les gens croient que ce personnage était réel." Il se souvient également que George Lucas n'aimait pas son interprétation:
"Ma posture allait, mais pas ma voix. Il voulait changer la voix, mais aucune autre voix ne fonctionnait, parce que C3PO est C3PO! Ils n'ont cependant pas voulu dire que j'étais dans le film. Nous avions un énorme succès et je n'étais pas là. C'était très perturbant, très blessant. Mais j'ai survécu assez longtemps et me voici aujourd'hui 43 ans après pour parler avec beaucoup de plaisir de mon périple à travers les onze films [Anthony Daniels joue aussi dans Rogue One et Solo, NDLR]. J'ai travaillé avec plusieurs réalisateurs sur cette saga pour finalement retrouver J.J. Abrams qui a fait un film remarquable plein de surprises et de nouvelles idées - surtout pour C3PO."

"Le retour de Carrie Fisher n'est pas morbide"
Anthony Daniel est également ravi de l’inclusion de Carrie Fisher dans L’Ascension de Skywalker. Disparue avant le tournage en décembre 2016, l’actrice sera présente grâce à des images inédites de l’épisode VII.
"La disparition de Carrie Fisher a été un coup dur pour tout le monde. Je la connaissais depuis tant d'années. J'étais triste qu'elle ne soit pas dans les épisodes I, II et III, mais nous nous étions retrouvés dans les épisodes VII et VIII. C'était quelqu'un de très drôle, d'un peu fou. Après sa mort, J.J. s'est rendu compte que l'histoire avait besoin d'elle. Tout le monde voulait qu'elle soit dans le nouveau film. J.J. a découvert qu'il avait tant filmé sur le tournage de l'épisode VII qu'il pouvait intégrer ces images dans l'épisode IX et faire fonctionner l'histoire. Ça fait partie de son génie. Et la voilà dans le film. C'est remarquable. Ce n'est pas morbide, ce n'est pas fou, c'est juste bien!"
Il n’a pas peur du courroux de certains fans de la saga, réfractaires au changement: "Certains fans ont été déçus. Je les vois sur internet. Ils ont investi tant d'années de leur vie dans ces films que lorsque l'histoire dévie de ce qu'ils avaient prévu, ils s'énervent", dit-il en riant. "Ils disent qu'ils ne verront plus de Star Wars, mais je peux vous assurer qu'ils ne résisteront pas à l'envie de voir celui-là. Je vous le promets. Ils peuvent me jeter des pierres si ça ne leur plaît pas, mais ils verront ce film, parce que c'est la fin de l'histoire. Ils ont vu le début, ils doivent voir la fin!"