"Un concours de circonstances qui n'arrive jamais": la RATP se justifie après l'incident "exceptionnel" sur la ligne 4

Un "incident exceptionnel". C'est par ces mots que la RATP s'est justifiée au lendemain d'une soirée de galère pour les voyageurs de la ligne 4 du métro parisien, fortement perturbée puis interrompue sur une partie pendant près de deux heures. Certains usagers sont par ailleurs restés bloqués pendant plus d'une heure dans des rames sous un tunnel. Ils ont finalement été évacués.
"L'incident est tout à fait exceptionnel car c'est une accumulation d'incidents qui se sont déroulés dans un laps de temps très court sur une zone resserrée sur la ligne 4, au sud de la ligne", précise Agnès Ogier, directrice de la BU services ferrés à la RATP, en conférence de presse.
Incidents matériels et voyageurs
L'avalanche d'incidents décrite par la RATP a commencé aux alentours de 18 heures en raison d'un défaut de signalisation. Cet incident, au sud de la ligne, a ralenti l'ensemble des circulations.
Puis quelque temps plus tard, à 18h42, à la station Cité, un sac s'est retrouvé coincé dans une des portes du métro. "Suite à cet incident, un signal d'alarme a été tiré, ce qui a figé la situation sur une zone de la ligne avec cinq rames coincées sous tunnel", détaille Agnès Ogier. Un incident résolu en moins d'une heure, à 19h24 précisement selon la RATP.
La situation ainsi débloquée, la circulation des trains a pu reprendre avant 19h30 sur le tronçon Châtelet et Bagneux-Lucie Aubrac. Mais c'était sans compter sur une avarie matérielle détectée sur une des rames bloquées sous le tunnel.
Les trains étaient alors dans l'incapacité de repartir et les navettes sont restées bloquées sous le tunnel, en pleine heure de pointe alors que le mercure avait dépassé les 30°C dans l'après-midi à Paris. Lassés par l'attente dans cette atmosphère suffocante, certains passagers ont décidé d'ouvrir les portes avant l'arrivée d'un agent RATP pour entamer une évacuation.
"La situation était particulièrement inconfortable pour nos clients, je redis à quel point on est navré de cette situation et la RATP présente évidemment ses excuses", assure Agnès Ogier en insistant sur "une succession d'évènements".
Une heure et demie d'évacuation
L'évacuation, décidée à 19h50, a nécessité de "trouver beaucoup de personnel" tandis que 125 agents ont été réquisitionnés en gare pour accompagner les centaines de voyageurs.
"C'est une solution qu'on envisage en dernier recours. La préoccupation principale de la RATP, c'est la sécurité des clients et la solution de l'évacuation est toujours une solution qu'on va repousser jusqu'au bout", maintient Agnès Ogier. Selon la RATP, il était 21h30 quand le dernier voyageur a pu regagner un quai.
"C'est un concours de circonstances qui n'arrive jamais", martèle-t-elle.
Des manquements dans l'information voyageur
L'entreprise ferroviaire dit ignorer ce qui a généré "l'avarie" du train. Une enquête interne doit être diligentée pour faire la lumière sur cette affaire, a annoncé Jean Castex, le président de la RATP, mercredi soir.
"Cette enquête va creuser l'aspect technique et comprendre les causes profondes de ces interruptions, diagnostiquer la gestion de l'incident [...] et l'expérience de nos voyageurs", précise Agnès Ogier qui confirme que "l'information voyageur a bord des navettes a été traitée de manière inégale".
L'objectif de cette enquête doit alors permettre à la RATP de "s'améliorer" et "trouver des solutions pour que cela ne se reproduise pas".
Aucune différence de traitement avec une ligne traditionnelle
Des centaines d'usagers s'étaient déjà retrouvés sur les voies en 2018 après une longue coupure de la ligne 1, automatique. L'incident avait été pointé du doigt à plusieurs reprises en raison de l'absence de conducteur, les usagers ayant dû agir par leurs propres moyens.
La RATP dément toutefois des similitudes avec cette panne de 2018 et assure que ce ne sont "pas les mêmes pannes, les mêmes matériels".
"La ligne 4 est en cours d'automatisation avec une mixité de service, il n'y a rien de commun avec 2018, si ce n'est ce caractère unique d'une mauvaise série d'incidents voyageur et matériel", affirme Agnès Ogier.
"La situation n'aurait pas été modifiée si la ligne avait été avec un conducteur car quand on a cinq trains figés, c'est plusieurs centaines de clients sous tunnel, notre objectif c'est de les ramener à quai", insiste-t-elle.
Les conclusions de l'enquête, où des témoignages de voyageurs seront recueillis, seront rendues publiques.