Seine-et-Marne: rassemblement des conducteurs de bus, en grève depuis près de sept semaines

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Une quarantaine de salariés du réseau de bus Transdev, autour de Melun (Seine-et-Marne), se sont rassemblés jeudi devant le dépôt de Vaux-le-Pénil, autour de six barils dans lesquels brûlaient des morceaux de bois dégageant une épaisse fumée.
Déterminés et remontés contre leur direction, qui "fait trinquer les salariés pour faire des économies", ces conducteurs de bus sont mobilisés depuis près de sept semaines contre un accord qui change selon eux drastiquement leurs conditions de travail.
"Direction = démission", "Salariés en colère, chauffeurs à l'arrêt", "Meilleures conditions ou révolution !! V. Pécresse (présidente d'Île-de-France Mobilités - IDFM, ndlr) dehors" : les banderoles, en larges majuscules noires, étaient attachées aux grilles du dépôt de bus, situé dans une zone industrielle.
La nouvelle organisation pointée du doigt
En cause, la nouvelle organisation mise en place par Transdev en Île-de-France, dans le cadre de l'ouverture à la concurrence du réseau d'autobus Optile (moyenne et grande couronne de la région parisienne).
Selon les salariés interrogés par l'Agence France-Presse (AFP), depuis l'entrée en vigueur du nouvel accord en août, leurs conditions de travail ont été dégradées, à commencer par leurs revenus.
"On travaille plus et on gagne moins"
"Pour résumer, on travaille plus et on gagne moins", schématise Samir, 39 ans dont 14 en tant que conducteur chez Transdev. "Avant, je pouvais faire 2.300 euros en net. Maintenant je suis à 1.900", calcule Boumediene, conducteur-receveur.
Au cœur de leurs préoccupations: le "temps indemnisé", soit le temps de coupure entre deux services, par exemple lorsque le chauffeur attend dans son bus au terminus avant de redémarrer.
Différenciées de leur temps de travail effectif, ces périodes sont utilisées selon eux comme variable d'ajustement et moins bien rémunérées alors qu'"avant, ils nous payaient 100% des pauses", détaille Samir.
Pauses plus courtes, plus grandes amplitudes horaires...
Pauses plus courtes, temps de prise de service (arrivée au dépôt, récupération de la feuille de route et vérification du véhicule) raccourci de 20 à 10 minutes, plus grandes amplitudes horaires... "C'est l'usine", commente Mohcine, 12 ans d'ancienneté au compteur.
Les conséquences sont "catastrophiques", rebondit Rachid, pull rose clair et lunettes de soleil, en tirant nerveusement sur sa cigarette. Avant on conduisait tranquillement, là ça engendre du stress. Il y a des conflits avec la clientèle parce qu'on a des retards", soutient-il. "Ils veulent faire des économies et c'est aux salariés de trinquer", accuse Rachid.
"Il y a eu une garantie sur la rémunération", se défend la direction, qui assure qu'il n'y a "pas de conséquence sur la paie en fin de mois" et souligne que l'accord d'entreprise a été négocié avec les représentants du personnel.
"Peut-être qu'on a été un peu vite" sur la mise en place de la nouvelle organisation, concède Transdev.
Une réunion de conciliation ce vendredi
Selon la direction, 138 salariés étaient en grève jeudi, soit 67% des effectifs. Le groupe dénombre "entre 60 et 70%" de grévistes "selon les jours" et "aux alentours de 10% de couverture de services, au mieux".
"C'est parce qu'ils ne comptent pas les gens en arrêt de travail et en formation", rétorquent les grévistes présents au dépôt de Vaux-le-Pénil, qui considèrent que 100% des effectifs sont en grève. "Ça fait six semaines qu'il n'y a aucun bus qui sort d'ici", assurent-ils.
Selon la direction, qui opère sur 10 réseaux et gère 1800 conducteurs dans le département, seuls deux secteurs sur quatre connaissent encore un mouvement de grève: Melun Val de Seine (dépôt de Vaux-le-Pénil) et Fontainebleau, celui de Marne-la-Vallée ayant repris son activité ce vendredi, après celui de Sénart lundi.
Du fait du décalage des paiements des salaires d'un mois sur l'autre, les conducteurs en grève ont perçu en septembre leur salaire du mois d'août. À la fin du mois d'octobre, ils toucheront une prime fixée par leur nouveau contrat. Mais en novembre, "là on va avoir zéro", s'inquiète Boumediene.
Une troisième réunion de conciliation aura lieu ce vendredi à Vaux-le-Pénil.