Pollution dans le métro: la RATP visée par une nouvelle plainte

Ce n'est pas la première fois que la RATP est pointée du doigt sur la question. En mars dernier, l'association Respire avait déposé plainte contre le gestionnaire de transports pour "tromperie aggravée" et "mise en danger de la vie d'autrui", ciblant la qualité de l'air respiré dans le métro francilien. Une nouvelle action en justice vient d'être entreprise contre la RATP, cette fois-ci à l'initiative des salariés.
Le syndicat SAT-RATP et son secrétaire général, Reda Benrerbia, ont participé à l'élaboration de l'étude de l'association Respire, avec le concours du CNRS.
"On s'est rendus compte que nos relevés donnaient un nombre de particules plus important" que ceux présentés par l'entreprise, a-t-il indiqué mercredi sur BFM Paris.
"On a voulu en faire part à notre entreprise (...) Elle nous a simplement dit qu'elle ne souhaitait pas en discuter et qu'elle contestait nos chiffres", a-t-il ajouté.
S'appuyant sur une autre étude effectuée par l'Institut national de veille sanitaire (InVS) sur la période 1980-1999, le syndicat constate une surmortalité des agents de l'entreprise de l'ordre de 23% pour les agents de station et de 51% pour les agents non qualifiés de maintenance, en comparaison avec la mortalité observée en Île-de-France.
"On ne dit pas que RATP ne fait rien"
"On en déduit que c'est lié à cette pollution", poursuit Reda Benrerbia. Les différentes études menées par l'entreprise n'ont "jamais mis en évidence de corrélation entre l'air des espaces souterrains et un impact sur la santé", insiste-t-elle dans un communiqué publié mardi.
"On ne dit pas que la RATP ne fait rien", tient-il à assurer. Mais "au regard de l'enjeu sanitaire et de ce que ça engendre sur la santé des salariés, puisque là on parle de cancers, on dit que ça va trop lentement."
Interrogé par Le Parisien, Grégory Carillo, responsable de l’unité prévention santé au travail, assure que "ces surmortalités n'apparaissent plus" dans les résultats d'une nouvelle étude, réalisée entre 2000 et 2012. Mais le syndicat SAT-RATP n'y a à ce jour pas eu accès. Les résultats seront dévoilés "dans les prochaines semaines", promet Grégory Carillo.
Plus de trois millions d'usagers
Quoi qu'il en soit, la pollution dans le métro francilien est "très importante", selon Me Julia Cancelier, avocate en charge des différentes plaintes. "Les infrastructures de la RATP sont empruntées à la fois par les personnes qui travaillent dans ces infrastructures mais aussi par les personnes qui prennent le métro tous les jours", soit "plus de trois millions" de Franciliens.
"On sait que, de toute façon, avec les systèmes de freinage, avec le contact entre la roue et le rail, avec l'usure aussi, il y a des émissions et des concentrations notamment de particules fines, souligne Tony Renucci, directeur par intérim de l'association Respire. Ce qu'on attend de la RATP maintenant, c'est un plan d'action. C'est qu'elle reconnaisse aussi qu'il y a bien un problème de pollution sur l'air intérieur des stations."
La RATP assure pour sa part mener une politique "ambitieuse et transparente de lutte contre la pollution". Une priorité qu'elle s'est fixée il y a "plus de 20 ans".