Pollution dans le métro: l'association Respire attaque la RATP en justice

L'association Respire a porté plainte lundi contre la RATP pour "tromperie aggravée" et "blessures involontaires", mettant en cause les niveaux de pollution de l'air dans le métro parisien, déjà montrés du doigt par cette association.
Selon cette plainte, déposée devant le tribunal judiciaire de Paris, il existe "un niveau critique de la pollution de l'air dans les enceintes ferroviaires souterraines de la RATP".
Pour soutenir cette affirmation, l'association se base sur deux rapports qu'elle a elle-même réalisés en 2019 et 2021, dont il ressort que l'air dans le métro et le RER parisien est "nettement plus pollué en particules fines" qu'à l'extérieur.
"Des risques sanitaires considérables"
Respire affirmait en janvier que les données de la RATP ne reflétaient pas les niveaux réels de pollution dans le métro, ce qu'a contesté l'opérateur public.
"L'ensemble des usagers des transports en commun sont exposés à des risques sanitaires considérables. Cependant, la RATP s'abstient délibérément d'alerter les usagers de son réseau sur les risques qu'ils encourent", avance l'association dans un communiqué.
"C'est la raison pour laquelle l'association Respire a pris la décision de déposer la présente plainte, compte tenu de la gravité de ces faits constituant sans nul doute les délits de tromperie aggravée et de blessures involontaires".
Un premier rapport datant de 2001
"Nous espérons par cette action les faire réagir - enfin - pour protéger la santé des millions d'usagers quotidiens du métro", a fait valoir le directeur de Respire, Olivier Blond, auprès de l'Agence France-Presse (AFP).
"La RATP a été alertée à de nombreuses reprises par les autorités sanitaires françaises, a poursuivi Maître Julia Cancelier, avocate de l'association, ce mardi matin sur BFM Paris. On a un premier rapport qui date de 2001. Ça fait maintenant 20 ans que les autorités sanitaires tirent la sonnette d'alarme. Par la suite, il y a eu plusieurs autres rapports qui ont été établis par les autorités sanitaires jusqu'à ce que Respire s'empare de cette difficulté."
L'association rappelle dans sa plainte que, selon des études scientifiques, "la pollution de l'air entraîne entre 48.000 et 100.000 décès chaque année".
"Une priorité" pour la RATP
Contactée par l'AFP, la RATP a rappelé que la qualité de l'air était pour elle "une priorité" depuis "plus de 20 ans". L'opérateur de transports publics procède notamment depuis 1997 à "des mesures en continu" sur "trois sites représentatifs" disponibles en ligne.
"Toute autre mesure réalisée avec des capteurs portatifs, qui ne sont pas les appareils de référence, ne sont pas comparables aux mesures réalisées sur site. (...) Les résultats de ces appareils portatifs ne peuvent être qu'indicatifs et non véridiques", a ajouté la RATP, en réponse au dernier rapport de Respire.
La RATP a également détaillé ses efforts pour réduire la pollution, grâce au "freinage électrique" des trains ou à des dispositifs expérimentaux de traitement de l'air en station, et a indiqué investir dans la ventilation de son réseau.
Cependant, estime Maître Julia Cancelier, "les mesures qui sont effectuées par la RATP sont très lacunaires (...), portent sur uniquement trois stations (...) et sur une partie infime de ces stations". Et d'ajouter: "Nous nous interrogeons sur la qualité des mesures qui sont effectuées parce qu'il semble que les méthodes utilisées par la RATP ne sont pas probantes". L'avocate voit en la question de la qualité de l'air dans le métro "un sujet sensible" à la RATP.